Pascal Archimède : Musicien « quand l’Histoire se transforme en Mélodie »

Safiatou La perle noire
Safiatou La perle noire

Pascal Archimède, Guadeloupéen passionné par la musique et la culture afro-américaines, est l’auteur du livre Histoire de l’Amérique noire, des plantations à la culture rap. Cet essai, fruit de son parcours universitaire et de sa soif de transmettre un savoir longtemps réservé aux études supérieures, offre une plongée captivante dans l’évolution musicale de la communauté noire américaine, des chants de travail sur les plantations (work songs) jusqu’au rap. À travers son livre et ses nombreux ateliers, Pascal souhaite rappeler que, malgré des destins séparés géographiquement, linguistiquement et culturellement, nous sommes tous issus d’un même héritage et formons une grande famille.

Qu’est-ce qui vous a inspiré à écrire ?

Histoire de l’Amérique noire, des plantations à la culture rap ? Lors de mes études en civilisation américaine, après un Master en anglais et une immersion dans les sciences de l’éducation, j’ai découvert en détail l’histoire des Afro-Américains et leur musique. Je me suis alors demandé pourquoi il fallait attendre l’université pour accéder à ces connaissances, alors qu’enfant on nous apprenait que nos ancêtres étaient exclusivement les Gaulois, alors que nous savons que le peuple antillais est métissé. C’est ainsi que m’est venue l’idée de résumer tout ce que j’avais appris dans un ouvrage accessible, facile à lire et particulièrement destiné aux jeunes. Je voulais leur permettre de comprendre, dès leur plus jeune âge, qui sont les Afro-Américains et l’impact monumental de leur musique.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de la manière dont il a influencé votre travail ?

J’ai grandi à Pointe-à-Pitre et au Raizet, en Guadeloupe, obtenu mon BAC au lycée de Baimbridge, puis poursuivi mes études à la Barbade dans une école de commerce avant de m’envoler pour la Martinique, où j’ai décroché un Master en anglais, spécialisé en civilisations américaines. Mon parcours m’a ensuite conduit à Londres, puis à Paris, où j’ai découvert le métier de formateur. Afin de renforcer mes compétences, j’ai obtenu un Master professionnel en sciences de l’éducation, spécialisé dans l’ingénierie pédagogique pour la formation d’adultes. Ce parcours académique et professionnel a nourri ma passion pour la transmission et m’a permis de développer des méthodes innovantes, comme ma première méthode d’apprentissage de l’anglais à partir de la musique, qui a été publiée en anglais et en français sous le titre Musique en formation linguistique professionnelle.

Pourquoi avoir choisi la musique comme vecteur de transmission de l’histoire et de la culture afro-américaine ?

La musique est un langage universel et un formidable vecteur d’émotions. Avec mon livre, j’ai voulu montrer comment, des work songs sur les plantations jusqu’au rap contemporain, la musique a toujours été au cœur de l’identité de la communauté noire. C’est un outil unificateur : « avec la musique, tu fais tout passer ». Elle touche le cœur des jeunes, notamment grâce à l’attrait particulier qu’ils portent au rap, et permet d’ouvrir le dialogue sur des sujets parfois complexes comme l’histoire et la transmission culturelle.

Comment percevez-vous l’évolution de la transmission de l’histoire afro-américaine auprès des jeunes ?

Aujourd’hui, la jeunesse est de plus en plus tournée vers le numérique et, paradoxalement, moins vers la lecture traditionnelle. C’est pourquoi j’ai conçu mes ateliers en trois temps : une présentation immersive de la communauté noire à travers sa musique, suivie d’un échange interactif et d’un quiz de 20 questions. J’ai été agréablement surpris de constater que les élèves les plus discrets affichaient souvent les meilleurs résultats. Cela prouve qu’avec les bons outils pédagogiques, il est possible de captiver et d’éveiller leur curiosité pour leur histoire.

Pouvez-vous nous parler de vos ateliers et de vos projets d’intervention dans le domaine de l’éducation et de la culture ?

Je propose divers ateliers qui permettent aux participants de découvrir l’histoire de la communauté noire à travers la musique – du jazz au gospel, en passant par le rap – et d’en saisir l’impact sur leur identité. Parallèlement, je mène des conférences dans les établissements scolaires pour transmettre un message d’unité et de conscience. Ces ateliers sont conçus pour être interactifs, avec des moments de présentation, de questions-réponses et même des quiz, afin de rendre l’apprentissage ludique et engageant.

Votre livre a rencontré un grand succès aux États-Unis et commence à s’imposer en Guadeloupe. Quel rôle joue votre collaboration avec Nofi Media dans cette aventure ?

En 2017, j’ai contacté le support média Nofi, reconnu pour sa capacité à mettre en lumière la culture noire, afin de bénéficier de leur expertise éditoriale. En attendant la sortie de mon livre, j’ai eu l’opportunité d’écrire des articles pour eux, ce qui m’a permis de me faire connaître et d’évoluer rapidement en tant que pigiste. Cette collaboration m’a ouvert de nombreuses portes, notamment des interviews avec des personnalités telles que Jada Pinkett Smith, Danny Glover ou encore Tito Jackson, et a contribué à la promotion de mon ouvrage aux États-Unis et, progressivement, en Guadeloupe.

Quelles sont vos ambitions pour l’avenir, notamment en Afrique ?

Bien que je n’aie pas encore eu l’occasion de mettre les pieds en Afrique, je ressens un appel fort vers ce continent. J’aspire à y organiser des conférences et des ateliers structurés pour partager la richesse de la musique afro-américaine et les liens qui unissent les communautés afro-descendantes. Une première incursion a déjà été réalisée avec un article publié au Nigeria, et mon livre est désormais vendu dans quelques pays africains. L’Afrique m’appelle, et je compte bien répondre à cet appel avec passion et détermination.

Vous avez créé un symbole fort autour de votre livre : un polo arborant son logo. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette démarche ?

J’ai choisi de porter un polo avec le logo de la couverture de mon livre, une image qui résume l’essence même de mon ouvrage. Ce polo est devenu ma marque de représentation, mon uniforme, permettant à ceux qui me voient de comprendre immédiatement le sujet qui me passionne. C’est une manière symbolique de transmettre visuellement le message d’unité et de conscience que j’essaie de partager à travers mes écrits et mes interventions.

À travers son livre et ses ateliers, Pascal Archimède prouve que l’histoire, lorsqu’elle se met en musique, peut devenir une source d’inspiration pour toute une génération. Son engagement pour la transmission des savoirs et la valorisation des cultures afro-américaines est une véritable ode à l’unité et à la richesse de notre héritage commun.

Marième DIOP
De l’association La Teranga

https://www.etoileafricaine.com