La musique Ouest Africaine a subi un grand coup le 23 juillet dernier avec la disparition de l’éminent artiste Sory Bamba âgé 84 ans avec plusieurs albums à son compteur. Sa présence dans le monde de la musique et ses oeuvres font de l’homme une célébrité incontournable.
Modernisateur de la musique du pays dogon, insatiable expérimentateur et découvreur de talents depuis un demi-siècle: avec un peu moins de modestie, le musicien malien Sory Bamba aurait pu devenir une star de la scène africaine, comme ses compatriotes Ali Farka Touré ou Salif Keïta. Mais dans le Mali d’aujourd’hui, beaucoup ne le connaissent même pas. Ailleurs, c’est un total inconnu.
«Pourtant, c’est l’un des plus grands musiciens du Mali», affirme le claviériste Cheick Tidiane Seck. Cet autre virtuose malien, qui le connaît bien, est resté longtemps dans l’ombre, avant de connaître la consécration internationale après trente ans de carrière. «Sory Bamba, ce n’est pas quelqu’un qui se met en avant, ajoute le jazzman de 66 ans. C’est rare de voir des musiciens de cette envergure avec tant d’humilité et une telle volonté de toujours chercher la vraie musique, pas celle qui vend.»
Porteur de trompette
Malgré son âge très avancé, Sory Bamba passe l’essentiel de ses journées entouré de ses petits-enfants et de ses poules dans la cour de sa maison dans sa ville natale de Mopti, surnommée la «Venise du Mali», a été un précurseur, pour lui et pour les autres. «Quand j’ai fait jouer ici de la guitare à Ali Farka Touré, beaucoup n’étaient pas d’accord avec ce type de rythmes», se souvient-il.
DE LA MUSIQUE JUSAU’A SA MORT
En 2010, le vent semble enfin tourner quand, au détour d’un concert parisien, Universal lui propose à 72 ans un contrat et un album. Mais Dogon Blues n’aura pas le succès escompté et le vieux musicien, qui vivait alors en France, rentre chez lui, à Mopti. Ses enfants, qui le trouvent fatigué, veulent qu’il arrête la musique. Mais dès qu’un gamin passe, il commence à chantonner avec lui. «Pour transmettre», répète-t-il.