AUTEUR,Créatrice du concept « VIVRE DE BON’HEUR … »
Aissatou Diallo ou Tissou Touré de son nom d’auteur, est maman de deux enfants qui a passé une partie de sa jeunesse en France et plus précisément à Angers, avant de s’établir à Dakar en 1984.Après l’obtention de son Bac, elle retourne en France pour ses études où elle obtient un DUT en techniques de commercialisation de l’IUT d’Evry et un diplôme en marketing et commerce de l’ESG à Paris.Sa carrière professionnelle démarre en 2000 à Paris dans l’exportation de sucre avant de retourner en Guinée en 2002 pour travailler dans une société d’assurance que son père venait de racheter, en tant que responsable commerciale.N’ayant aucune expérience dans le domaine des assurances, elle décide d’effectuer plusieurs stages à Dakar avant d’obtenir une bourse pour retourner à Paris se former. En 2004, elle décroche un diplôme international d’assurance de l’Ecole Nationale d’Assurance de Paris(ENASS), ce qui marque le début d’une nouvelle étape professionnelle. A son retour à Conakry, elle est nommée Directrice Générale adjointe de la société d’assurance avant de démissionner en 2008.Son père lui confit alors les rênes de son usine de savon en la nommant Directrice Générale qu’elle a dirigé pendant 3 ans avant que sa passion entrepreneuriale la rattrape en 2011. Forte de ses expériences, Tissou est à la tête de 3 PME qui connaissent un réel succès avant que la tragédie de la pandémie d’Ebola vient tout chambouler ; ce qui la contraint à cette époque de baisser les rideaux. Cette période très compliquée de sa vie la plonge dans une dépression avant qu’elle se reprenne en main et trouver un poste à Orange qui lui a permis de se reconstruire. Après 7 ans et demi dans l’univers des Télécoms où elle a occupé plusieurs postes, elle décide en septembre 2022 de retenter l’aventure dans l’entrepreneuriat en créant AT Expériences spécialisé dans le développement humain. Aujourd’hui Tissou vit de sa passion qui est l’accompagnement de l’humain en transmettant à ses clients les outils nécessaires pour devenir des équipes soudées qui permettent de faire avancer l’entreprise.
Entretien…
Quelle est votre vision de l’entrepreneuriat féminin en Afrique après avoir vécu beaucoup de déconvenues ?
Il y a énormément de défis à relever et de choses à faire dans l’entrepreneuriat féminin en Afrique. Je pense que tout est une question de volonté ; et de la volonté les femmes africaines en ont. Il faut aussi beaucoup travailler ; et le travail ne fait pas peur aux femmes africaines. Nous avons beaucoup d’exemples de femmes entrepreneures africaines qui ont réussi et qui sont passionnées par ce qu’elles font. Ce sont de vraies sources d’inspiration. Malheureusement la volonté et le travail ne suffisent pas de nos jours surtout dans nos sociétés patriarcales. Pour encourager l’entrepreneuriat féminin il y a énormément de choses à mettre en place et permettre à ces femmes d’accéder à des revenus, à des ressources et à des opportunités économiques, ce qui va renforcer leur indépendance et leur statut dans la société. Lorsque je me suis lancée dans l’entrepreneuriat il y a quelques années, je n’étais pas prête. J’ai voulu tout faire par moi-même avec une forte confiance en mes capacités, à mon courage, à ma rage de réussir, à mes idées qui arrivaient à la vitesse éclair et j’ai foncé. Mais j’ai foncé sans me rassurer que tout ce que je faisais, je le faisais bien ; parce que je n’ai pas su m’entourer des bonnes personnes pour m’accompagner dans cette aventure entrepreneuriale. Cette expérience m’a permis de reconsidérer ma vision de l’entrepreneuriat que j’axe aujourd’hui autour de l’humain. Il faut savoir s’entourer de personnes qui peuvent nous guider, nous accompagner, nous inspirer et nous tirer vers le haut. Il faut oser demander de l’aide aux personnes qui ont fait leurs preuves sans jamais perdre de vue son objectif. Il faut créer des communautés de femmes entrepreneures qui peuvent transmettre leur savoir-faire avec des retours d’expériences solides aux plus jeunes. Cela existe déjà, mais je pense qu’il faut qu’il y en ait pluspour permettre à toutes les femmes d’avoir des indicateurs de réussite.
Quelle aide ou assistance avez-vous obtenu durant ces quelques années d’entrepreneuriat ?
L’aide et l’assistance, je les ai principalement reçues des clients qui ont accepté de me faire confiance et de voir ce que je pouvais leur apporter dans mon domaine de compétences et d’expertise. Lorsqu’on est passionnée par un domaine il faut se faire confiance et se donner à 100% pour toucher du doigt notre vision. Oui il faut avoir une vision et mettre en place un plan d’action pour aller vers cette vision pour atteindre les objectifs qu’on se fixe, chose que je ne savais pas quand j’ai démarré dans l’entrepreneuriat il y a quelques années. J’ai énormément investi en moi, en me formant et en renforçant mes capacités dans mes domaines d’intervention.Le bouche à oreilles a énormément fonctionné pour moi ; et je remercie toutes les entreprises et toutes les personnes qui m’ont recommandé.J’ai accepté de me faire accompagner par des professionnels lorsque j’étais au plus bas. A un moment donné, cela est important et nécessaire pour nous permettre de prendre de la hauteur et savoir qu’on a un problème et qu’il faut agir pour trouver la solution.Je remercie également toutes les personnes qui m’ont accompagnée, qui m’ont formée, qui ont cru en moi, car elles m’ont poussée à identifier mes talents et m’ont accompagnée pour que je me fasse confiance et que je puisse enfin vivre de ma passion.
Selon vous, les entrepreneurs africains sont-ils aidés par les gouvernants ?
S’ils sont aidés, je n’ai peut-être pas cherché l’information là où je devais la trouver.Depuis que je suis dans l’entrepreneuriat, c’est un vrai parcours du combattant pour moi. Il y a peut-être des choses qui sont mises en place pour faciliter la vie des entrepreneurs dans l’exercice de leur métier mais personnellement je n’ai pour le moment reçu aucune aide peut-être parce que je ne me suis pas intéressée à savoir s’il en existe.Les gouvernants ont tout intérêt à mettre en place ou à développer plus de mécanismes pour accompagner les entrepreneurs en général et les femmes entrepreneures en particulier, parce que ce sont ces structures qui sont l’avenir du continent.
Quel a été le déclic pour vous de concentrer votre activité actuelle sur l’Humain ?
J’ai toujours été passionnée par l’humain car depuis toute petite j’ai toujours eu beaucoup d’amis et j’ai toujours rassemblé des gens autour de moi.J’ai commencé ma carrière professionnelle dans des domaines où l’interaction avec les autres n’est pas vraiment mise en avant.Mon métier actuel m’est tombée dessus par hasard et je remercie toutes les personnes qui m’accordent leur confiance au quotidien.Il y a quelques années, j’ai ouvert un cabinet de formation et j’ai obtenu un contrat avec une multinationale qui m’a confiée l’organisation d’un team building. Comme je n’avais pas lescompétences dans ce domaine, j’ai fait appel à une amie qui est spécialisée et qui m’a accompagné dans ce projet. Nous avons travaillé ensemble le contenu et elle devait prendre le lead pour la mission. Quelques jours avant le team building, elle a eu une urgence et elle a dû prendre l’avion. Imaginez dans quel état je me suis retrouvée. Alors, c’est à ce moment précis que j’ai pris la décision de croire en moi surtout après les mots d’encouragement de mon amie qui m’avait dit qu’elle avait confiance en moi et que j’avais toutes les capacités pour faciliter ce team building.Je me suis éclatée, et j’ai reçu de la part du client des appréciations qui m’ont réconfortée sur le fait que ce métier était fait pour moi. Voilà comment je me suis retrouvée à faire de la formation et de la facilitation de l’intelligence collective. Pour le métier de coach, j’ai décidé de le devenir après les difficultés que j’avais traversées et qui m’avaient plongée dans une dépression. Je me suis enfermée dans une bulle et je n’avais plus goût à rien. Il a fallu que je me reprenne en main et j’ai accepté de me faire accompagner par un psychologue pour me relever. Cette période de ma vie m’a poussée à écrire un livre dans lequel j’explique un peu ce qu’il m’est arrivé et ce que j’ai fait pour m’en sortir. J’ai décidé alors de devenir coach pour accompagner les autres à se retrouver humainement parce que si j’ai pu traverser ces difficultés, d’autres personnes pourraient aussi être confrontées à cela. Et si j’ai pu m’en sortir, j’étais persuadée que je pouvais accompagner ces personnes à s’en sortir.Aujourd’hui je suis très heureuse d’exercer ce métier car c’est dans ce domaine que je suis réellement Moi et dans lequel je suis totalement épanouie.
Selon vous, qu’est ce qui fait bonheur chez l’humain de nos jours en suivant vos posts sur les réseaux sociaux ?
L’une de mes missions de vie est de faire prendre conscience à mon entourage, à ma communauté, à toutes les personnes que j’ai la chance de croiser, que le bonheur est à notre portée. On s’en rend vraiment compte lorsqu’on réussit à effectuer ce travail de détachement avec les choses matérielles.C’est vrai qu’avoir une belle maison, une jolie voiture, le dernier IPhone, visiter des pays exceptionnels, peut sembler nous rendre heureux. Mais est-ce que c’est le fait de posséder ces choses le bonheur ? Qu’est-ce que le bonheur ? Qu’est- ce qu’il me faut pour que je puisse dire que je suis heureux ? Suis-je vraiment heureux ?Voilà des questions qu’il faudrait que chaque humain se pose et puisse y répondre sincèrement.J’ai lancé il y a 2 mois un concept que j’ai appelé VIVRE de Bon’Heur. Beaucoup de personnes me contactent et me demandent pourquoi j’écris le bonheur de cette façon. Ce projet a une finalité bien précise que je dévoilerai le moment venu. Et chacun pourra toucher du doigt ce “Bon’Heur”.Pour l’heure, on peut ressentir le bonheur en étant dans la gratitude. La gratitude de se lever chaque matin en bonne santé, gratitude pour le souffle de vie, gratitude de manger à sa faim, gratitude de passer du temps avec les gens qu’on aime, gratitude dans toutes les petites choses insignifiantes qu’on ne remarque plus mais qui sont la base du “vrai” bonheur et qui sont essentielles. A un moment, il faut ralentir, se regarder dans le miroir et dire tout simplement MERCI à l’univers, MERCI à la vie. Le bonheur c’est se concentrer sur l’essentiel, et cet essentiel c’est avant tout être en vie. C’est lorsqu’on est en vie et en bonne santé que tout le reste est possible.
Quelle Afrique rêvez-vous en voyant les femmes jouer les premiers rôles ?
Les femmes ont toujours joué les premiers rôles et ce n’est pas nouveau. Aujourd’hui les gens ont tendance à croire que la femme est en train de se réveiller alors que des choses énormes ont déjà été réalisées par des femmes. L’Afrique a toujours eu ces femmes fortes qui ont joué les premiers rôles, qui ont participé à la construction de notre continent. Pour en citer quelques-unes, nous avons Anne Zingha, la Reine Pokou, Noliwé la compagne de Chaka Zoulou, las Amazones du Dahomey, Mariama Bâ, Rose Chibambo, Helen Johnson Sirleaf , Winnie Mandela, etc…, toutes ces Grandes Dames qui ont marqué l’Afrique.L’Afrique qu’on rêve, est celle plus humaine, et ceci n’est possible que quand les femmes tiennent les rênes parce qu’elles sont plus sentimentales, plus émotionnelles. L’homme est beaucoup plus politique.La femme regarde comment construire sur la durée, travaille sur la condition de l’humain, alors que l’homme travaille sur les circonstances qui plongent l’humain dans la misère, la joie, la crainte. C’est la réalité.Donc une Afrique où les femmes jouent les premiers rôles, fait en sorte que l’Afrique soit plus humaine ; que l’Afrique soit plus ouverte à son propre épanouissement parce que chez les hommes l’épanouissement est très égoïste mais avec les femmes, l’épanouissement est global. Ceci est mon point de vue par rapport à ma petite expérience.Je rêve aussi d’une Afrique où les Africaines et les Africains vont enfin se rendre compte de la chance qu’ils ont d’avoir un continent magnifique, une diversité de cultures riches, des talents exceptionnels. Je rêve de côtoyer des Africaines et des Africains qui seront fiers d’appartenir à ce continent qui a tout pour briller. Je suis persuadé que ce rêve se réalisera un jour car de plus en plus d’Africains et d’Africaines réalisent tout le potentiel dont regorge ce continent.Je rêve d’une Afrique unie, où les femmes seront écoutées et respectées car elles ont des choses à dire, à partager.
En votre qualité de femme entrepreneure, de mère et d’africaine, quel message lancez-vous à la jeunesse pour ne pas baisser les bras ?
C’est difficile de lancer un message à une jeunesse africaine qui vit sur un continent qui ne donne plus envie d’y rester ; qui vivent dans un monde de plus en plus difficile et complexe.Nous sommes face à une jeunesse qui a envie de réussir trop vite, dans un délai très court, alors qu’il faut passer par certaines étapes. Les réseaux sociaux font miroiter de belles choses à cette jeunesse qui ne reflètent parfois pas la réalité hélas.Si j’avais un message à laisser à ces jeunes je leur dirais ceci : Vous avez le droit de rêver mais il ne faudrait pas que vos rêves vous éloignent de la réalité ; et cette réalité c’est qu’il faut étudier, travailler dur, vous battre jusqu’à vos dernières forces, et rester focus sur vos objectifs.Cela ne va pas être simple, vous allez même en baver s’il le faut ; mais il faut croire en vous, vous faire confiance et surtout vous dire que vous allez y arriver.Soyez honnêtes avec vous-même et les autres, soyez authentiques, refusez de jouer un rôle. Et surtout ne baisser jamais les bras quoiqu’il arrive.Ne vous battez pas uniquement pour l’argent, cela ne doit pas être l’unique raison pour laquelle vous vous levez chaque matin. Oui de l’argent nous en avons besoin dans une société et un monde où la culture de la consommation est de plus en plus féroce ; mais battez-vous pour ce qui donne un sens à votre vie, ce qui vous fait vibrer et que, lorsque vous vous couchez le soir, la fatigue que vous ressentez vous fasse sourire, et pourquoi pas, vous fasse rire aux éclats.
Quel est votre mot de la fin ?
J’ai appris à connaître la personne que je suis très tard. Et j’ai accepté difficilement cette personne que j’ai découverte. Mais il s’agissait de moi et je n’avais pas d’autre choix que de l’accepter et d’apprendre à l’aimer. J’y suis parvenue en étant tout simplement humaine, c’est à dire en avançant avec mes qualités et mes travers ; mes talents et ma particularité. J’ai accepté de ne pas plaire à tout le monde et aujourd’hui je suis en phase avec ça. Donc je terminerai en invitant toutes les personnes qui me liront et qui n’auront pas encore effectué ce travail, de se pencher sur elles et d’apprendre à se connaître. Le début d’une belle aventure commence pour soi lorsqu’on se connaît et qu’on sait exactement qui on est, ce qu’on ne veut plus dans sa vie et ce qu’on souhaite réellement. Tout devient plus fluide et on attire vers soi ce qu’on souhaite vraiment avoir dans sa vie : La positivité, la paix, la sérénité, la légèreté et le « Bon’Heur ».