À 35 ans, Astou Sougou Thiam incarne l’image de la jeune entrepreneure ambitieuse et résiliente sénégalaise. Son parcours est celui d’une femme déterminée, qui a su naviguer entre les difficultés et les opportunités pour forger son chemin. De retour au Sénégal après des études supérieures au Canada, elle choisit un secteur masculin par excellence : le BTP, tout en multipliant les initiatives dans l’aménagement de conteneurs et la couture. Un parcours marqué par l’ambition de repousser les limites et la volonté d’aller au-delà des obstacles.
Le retour d’Astou Thiam au Sénégal en 2016 ne relève pas du hasard. Après un cursus universitaire au Canada, où elle s’était d’abord orientée vers l’informatique avant de se rediriger vers la comptabilité, elle comprend que sa voie se trouve ailleurs. Influencée par le milieu familial où son père, ingénieur en génie civil, l’a baignée dans l’univers du BTP dès son jeune âge, Astou décide d’entreprendre dans ce secteur. Un secteur où, paradoxalement, la présence féminine reste marginale. « Le plus grand défi que j’ai rencontré dans le BTP, c’est d’être une femme de petite taille, avec un visage assez jeune. Très souvent, on ne croyait pas en moi, on me sous-estimait », confie-t-elle. Le manque de reconnaissance, les stéréotypes liés à son genre, et le fait d’évoluer dans un domaine perçu comme « d’homme » ont été des obstacles permanents. Cependant, loin de se laisser décourager par ces jugements, Sougou s’impose progressivement sur les chantiers, prouvant au quotidien qu’elle est la patronne, et que les hommes de son équipe doivent se plier à ses exigences.
Malgré son ancrage dans le BTP, Astou Sougou Thiam ne se contente pas de ce seul domaine. Consciente des risques liés à la spécialisation dans un marché instable comme celui du Sénégal, elle se lance également dans l’aménagement de conteneurs, un secteur innovant qu’elle découvre à travers un atelier de menuiserie métallique. Ce choix de diversification répond à une logique pragmatique : « Il faut diversifier, ne pas se focaliser uniquement sur un secteur », explique-t-elle. Elle va plus loin, s’aventurant également dans l’univers de la couture, où elle se distingue par la création de tenues de chantier, de fêtes, mais surtout des costumes africains et des vêtements traditionnels modernisés. Sans oublier que cette entrepreneure dans l’âme évolue depuis longtemps dans l’aviculture. Elle élève et vend de la volaille.
Sa marque, Sabary porte un nom symbolique qu’elle a choisi après une réflexion profonde sur sa signification et ses valeurs. En effet, « Sabari » dans plusieurs langues mandingues et djola, évoque la patience, la persévérance, mais aussi la résilience face aux épreuves. Pour Astou, ce mot résonne profondément en elle, comme une illustration de son propre parcours, fait de hauts et de bas, mais toujours guidé par la volonté d’aller de l’avant.
L’entrepreneuriat n’a jamais été un chemin facile pour cette femme. Comme elle le dit elle-même, « rien n’a jamais été facile ». Son succès repose sur une éthique de travail inflexible, un sens aigu de l’organisation et de la gestion, et surtout une capacité à apprendre et à se réinventer constamment. Pour elle, le secret réside dans l’engagement total : « Dès lors que l’on s’engage, que l’on est persévérant et que l’on croit en soi, tout devient possible. »
Sougou Thiam est un exemple vivant que l’entrepreneuriat ne se limite pas à la création de nouveaux produits ou services, mais à la réhabilitation et à l’amélioration de ce qui existe déjà. « Dans ma famille, le BTP existe déjà. J’ai simplement réhabilité l’existant et amélioré ce qui pouvait l’être. La clé réside dans la capacité à saisir les opportunités et à transformer les ressources disponibles », ajoute-elle avec sagesse.
À ceux qui souhaitent suivre ses traces, Astou délivre un message clair : « Ne cherchez pas à réinventer la roue, mais à l’améliorer. » En tant que jeune entrepreneure, elle conseille de s’appuyer sur les ressources existantes au sein de sa propre famille ou de son réseau. Selon elle, le véritable travail consiste à saisir les opportunités, à avoir une vision à long terme, et à s’entourer d’une équipe solide et motivée. Le chemin de l’entrepreneuriat est semé d’embûches, mais c’est un chemin qui peut mener au succès, à condition de savoir où l’on veut aller et d’être prêt à faire les sacrifices nécessaires.
Aujourd’hui, Astou Sougou Thiam continue de développer ses entreprises, avec l’ambition de stabiliser ses activités et de voir grand. « Je veux aller au-delà de ce que l’on fait actuellement au Sénégal, viser une qualité qui dépasse nos attentes et qui se distingue sur le marché international », conclut-elle. Sa vision est claire : grandir et innover sans relâche.
Astou Thiam est une entrepreneure modèle, qui défie les stéréotypes, surmonte les obstacles avec brio et incarne l’esprit de l’entrepreneuriat au féminin. Pour elle, chaque difficulté est une leçon, chaque échec une étape vers la réussite. Et son histoire, loin d’être achevée, ne fait que commencer.
LA PERLE NOIRE
