Juriste- députée à l’Assemblée Législative
Désignée députée à l’Assemblée Législative de Transition, la burkinabé Bénédicte Bailou représente les organisations de la société civile. L’initiatrice de Femin-in, est une juriste spécialiste des Droits des femmes et des VBG (violences basées sur le genre). Elle n’a pas encore dit son dernier mot après avoir été la seule femme candidate pour la Présidence de l’Assemblée de transition. Bénédicte, résolument engagée pour l’égalité des sexes, compte bien marquer cette législature.
Qu’est-ce qu’une féministe selon vous ?
Pour moi une féministe, c’est une personne qui se bat tout simplement pour l’égalité des sexes et pour les droits des femmes, tout en questionnant les normes sociales.
Quel a été le déclic pour vous engager dans le combat féministe ?
Il n’y a pas vraiment eu de déclic à proprement dit. Mais j’ai mis un mot sur ma façon de me révolter contre les rapports sociaux que je trouvais inégalitaires entre les hommes et les femmes dès ma première année d’université en Faculté de Droit. Depuis, mon objectif est qu’aucune fille ou femme ne subisse de violence sexuelle.
Pouvez-vous nous en dire plus sur FEMIN-IN ?
Le Mouvement Citoyen FEMIN-IN est une organisation de jeunesse de la société civile burkinabè qui fait la promotion et la défense des droits des filles et des femmes autour de 4 grands axes : la promotion de la participation politique de la jeune femme, la sensibilisation et la réparation des Violences faites aux filles et aux femmes, l’éducation au féminisme et la sensibilisation sur la santé sexuelle et reproductive des jeunes et des adolescents-es.
Comment se porte le mouvement féministe au Burkina ?
Le mouvement féministe au Burkina Faso fait son bonhomme de chemin et il a de beaux jours devant lui.
Quelle appréciation faites-vous de la condition des femmes au Burkina ?
La condition des femmes au Burkina Faso est mise à rude épreuve pour plusieurs raisons, la première étant la situation sécuritaire qui prévaut dans le pays. Mais des actions sont mises en œuvre par différents acteurs pour corriger et prévenir les conséquences. Nous menons des campagnes de sensibilisation sur différentes thématiques en lien avec les droits des filles et des femmes. Nous faisons aussi des études pour que les résultats soient utilisés pour des plaidoyers basés sur les données. Chaque année nous tenons les Universités d’Été du Féminisme pour éduquer la jeunesse à sur la nécessité d’appartenir à un mouvement d’ensemble pour une justice sociale. De même qu’à travers notre mouvement FEMININ- IN, et la clinique juridique et psychologique qui accompagne de façon gratuite les filles et femmes victimes de (VBG) violences basées sur le genre. Nous leur apportons un appui juridique et une assistance judiciaire pour qu’elles puissent obtenir réparation. Il y a aussi l’incubateur politique pour une meilleure participation aux femmes à la politique et leur accès aux instances de prises de décision.
Quels sont les acquis du mouvement féministe burkinabé ?
Les acquis du mouvement féministe au Burkina datent de plusieurs décennies. Nous avons la loi quota, la loi criminalisant l’excision, celle portant répression, prévention et réparation des violences faites aux filles et au femmes, la loi sur le maintien à l’école de la jeune fille en état de grossesse, pour ne citer que celles-là.
Vous êtes maintenant à l’Assemblée Nationale, quels y sont vos objectifs ?
Mes objectifs à l’Assemblée Nationale, c’est de travailler avec les autres collègues à faire avancer les droits des femmes, à trouver des mécanismes pour poser les bases d’une nouvelle société burkinabè où tous les habitants participent au développement du pays sans aucune discrimination.
Quelle lecture faites-vous des résultats du vote de la Présidence de l’Assemblée Nationale ?
Comme toute élection, il faut savoir convaincre. Je n’ai malheureusement pas su convaincre pour cette fois-ci et j’avoue que je suis fière d’avoir été candidate face au Dr Bougouma, qui aujourd’hui est un excellent Président.
Oussama M. Sagna-