300 ans après, le Temple des Pythons reste toujours un lieu aussi pittoresque.
Ouidah (Bénin) est l’une des villes les plus importantes de l’histoire de l’esclavage en Afrique de l’ouest. Entre la Porte du non-retour et les bâtiments coloniaux, se trouvent un des plus vieux, sinon le plus vieux sanctuaire vodoun qui existe depuis le 17ème siècle et qui jusqu’à ce jour est l’un des lieux les plus visités du Bénin avec plus de 1000 visiteurs par an. Ce temple unique où on vénère la divinité python, seulement accessible aux initiés, est devenu partiellement ouvert aux touristes du monde entier.
Le culte du serpent ou le Dangbé, est une forme particulière de vodoun consacré à l’adoration de serpent plus particulièrement du python royal, animal sacré dans la culture vodoun. Le temple des pythons, s’étendait sur plusieurs hectares, mais au fil des années, sa superficie a été considérablement réduite, du fait de l’urbanisation de la ville de Ouidah.
Plus de 100 pythons vivent dans le temple. Le « Kpohoun » qui est le python mâle et le « Dangbé Drè » qui est la femelle sont tous les deux adorés à l’intérieur du temple. Les serpents n’étant pas nourris par les fidèles, sont relâchés une fois par semaine dans le quartier du temple pour leur permettre de se nourrir des rats ou des insectes environnants. Certains vont dans les maisons des habitants déjà avertis de la venue des divinités. Les populations se font un plaisir de les nourrir jusqu’à satiété. Et si 72 heures après leur sortie, ils ne sont toujours pas revenus, les habitants de Ouidah les ramènent au temple avec joie, conscients de l’importance de leurs pouvoirs sur la ville.
Principale attraction d’Ouidah, le temple des pythons attire plus 1000 visiteurs chaque année, tous stupéfaits de sa longévité et de son histoire. Pour accueillir les visiteurs des serpents, un Iroko (arbre) qui serait vieux de plus 600 ans revêtu de nombreuses lianes et qui selon les mythes vodoun détient un grand pouvoir mystique, reçoit des prières et sacrifices particulièrement le 10 Janvier, jour de la fête du vodoun au Bénin. A l’occasion de cette fête endogène, un cabri est sacrifié par un des prêtres du temple qui répand ensuite le sang de la bête sur une toile blanche qui est mise autour de l’iroko.
Dans la cour du temple sacré se trouve une jarre de plus de 200 ans, qui n’est utilisée qu’une fois tous les 7 ans après avoir consulté la divinité python pour purifier, chasser les mauvais esprits, éviter les morts précoces et demander la pluie sur la ville d’Ouidah. Outre l’iroko et la jarre, un cimetière entièrement réservé aux pythons est installé dans le temple et seuls les initiés ont le droit d’y entrer.
L’une des particularités du temple des pythons est que juste devant lui a été construit la basilique de l’Immaculée-Conception, principal lieu spirituel des chrétiens catholiques de la ville d’Ouidah. Malgré ce que l’on pourrait penser, les deux religions se respectent et font leurs cultes sans problèmes.
Selon monsieur Dangbé Kpohoun, régent du temple des pythons : « ce temple autrefois forêt, date du 18e siècle et a été construit par nos aïeuls. On l’a restauré, depuis 1992, en changeant la toiture du couvent des pythons par des tuiles et le mur intérieur est désormais soutenu par des grilles. Avant, nos parents ne partaient pas à l’église. Ils venaient ici prier avec le vodoun et lui faire des offrandes, comme des cabris et du haricot préparé. L’entrée du temple a été rendue payante pour pouvoir entretenir ce sanctuaire qui fait partie de notre histoire et symbolise les religions endogènes du monde. Près de 5 millions de francs CFA sont perçus chaque année pour permettre aux dirigeants de la ville d’Ouidah et du temple de le garder en bon état pour assurer une visite de qualité à tous ceux qui voudraient connaître la culture et l’histoire du bénin ».
Claude Glélé