Leocadie Ebakissé : Coach & Formatrice de Dirigeants / Présentatrice et Co-organisatrice du Salon des Industries Africaines
Fondatrice de Talents Awake, une agence de conseil en influence stratégique et conception d’événements à fort impact, Leocadie Ebakissé développe une approche originale : le Leadership d’Alliances. Cette méthode accompagne dirigeants, institutions et entreprises dans la création d’alliances durables, transformatrices et stratégiques. Dotée d’une double expertise, Coach et formatrice de dirigeants, elle intervient également comme maîtresse de cérémonie et modératrice trilingue lors d’événements de haut niveau entre l’Europe et l’Afrique. Engagée sur les scènes économiques, culturelles et diplomatiques, elle fait de chaque événement un levier de transformation, de coopération et de visibilité stratégique.
De père Camerounais et de mère Gabonaise, Vous avez grandi entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique. Que vous a apporté ce multiculturalisme ?
Ce multiculturalisme est à la fois une richesse intime et un atout stratégique. Il m’a appris à porter des regards multiples sur une même réalité, à créer des ponts entre des univers différents, et à écouter au-delà des mots. Cette agilité culturelle m’aide à concevoir des accompagnements et des événements qui résonnent localement et globalement. C’est un atout précieux à l’interface entre dirigeants, territoires et institutions. Ce bagage interculturel n’est pas un simple héritage. Il me permet de connecter en profondeur et de faire émerger des solutions qui parlent à plusieurs mondes à la fois.
Quel a été votre parcours jusqu’à la création de Talents Awake en 2015 ?
J’ai passé plus de 12 ans à accompagner des comités exécutifs et des managers sur des projets de transformation, de management et de développement des talents. J’ai compris que les changements durables reposent d’abord sur la qualité des liens et la clarté de la vision. C’est de cette conviction qu’est née Talents Awake. Aujourd’hui, notre agence accompagne celles et ceux qui veulent conjuguer ambition, éthique et influence.
Comment êtes-vous devenue co-organisatrice du Salon des Industries Africaines ?
Kadia et moi nous connaissons depuis le lycée. Notre complicité et notre passion commune pour l’Afrique ont donné naissance à une vision partagée : créer un projet féminin, stratégique et porteur de sens. Nous avons coorganisé des événements majeurs comme le Salon des Industries Africaines, le JIFA à l’UNESCO, ou les Tables Rondes du Capital Humain en Guinée. Notre complémentarité est une force : Kadia structure, mobilise, impulse ; je conçois et j’anime les événements comme de véritables dispositifs d’influence. Aujourd’hui, je suis fière de coorganiser la 2e édition du Salon des Industries Africaines avec Kadia, Kayo Consulting et l’Agence Étoile Africaine, deux agences locales impliquées et engagées. Cette 2ᵉ édition du Salon, met en lumière le Gabon, la Guinée et le Sénégal, trois pays qui incarnent une volonté commune de transformation, de valorisation locale des ressources et de souveraineté industrielle. Le Salon des Industries Africaine vise à devenir un événement itinérant continental, catalyseur de projets industriels et de récits économiques puissants.
Quel est le sens de votre rôle dans cet événement ?
Être maîtresse de cérémonie, ce n’est pas seulement enchaîner des interventions. C’est orchestrer une dynamique, incarner un tempo, et structurer un récit. Mon rôle est aussi celui de ‘’designer ou créatrice’’ d’expérience : je conçois les temps forts comme des séquences pédagogiques, j’aide à clarifier les messages et j’accompagne chaque intervenant avec exigence et bienveillance. Être la première femme noire labellisée « Maître de cérémonie » a été un moment fort. Mais plus qu’une reconnaissance, c’est une responsabilité : porter une parole inclusive et contribuer à élever le niveau des prises de parole publiques.
Quelle est votre analyse de l’industrie en Afrique ?
L’Afrique regorge de potentiels inexploités ressources naturelles, innovation locale, jeunesse dynamique mais reste freinée par des chaînes de valeur incomplètes et un manque de financement structurant. Ce qui change, c’est la volonté croissante des États et du secteur privé de transformer localement, de structurer les filières, d’investir dans la formation et de bâtir des écosystèmes compétitifs. L’industrialisation devient un projet de société, un acte de souveraineté et une stratégie de résilience. Chose que Les trois pays qui sont mis en lumière pour cette 2ᵉ édition du Salon ont compris.
La Guinée avec le programme Simandou 2040, mise sur la transformation locale de ses ressources minières et agricoles à travers une Politique Nationale. Le Sénégal a lancé sa marche vers l’HORIZON 2050, un programme qui favorise l’agroécologie, l’économie circulaire et les énergies renouvelables et mise sur l’innovation et la valorisation du capital humain. Le Gabon, à travers son Plan National de Développement pour la Transition (PNDT) 2024-2026, met l’accent sur une croissance durable et souveraine
Quels sont selon vous les leviers pour valoriser l’industrie ?
Je n’ai pas vocation à parler à la place des autorités, mais trois axes me semblent clés :
- Un récit clair et mobilisateur, qui donne du sens à l’industrialisation :
- Des alliances stratégiques entre États, entreprises, chercheurs, territoires et diasporas.
- Un investissement massif dans le capital humain, notamment la formation alignée aux besoins des filières.
Selon moi, la valorisation des industries passe par une gouvernance intelligente, une vision partagée, et la capacité de faire confiance aux énergies locales avec des stratégies concrètes.
Quelle est aujourd’hui votre plus grande fierté et quel message lancez-vous aux femmes leaders ?
Ma plus grande fierté est d’avoir su rester fidèle à mon intention : créer des espaces où les autres grandissent, s’expriment, se révèlent. Cela se traduit par les retours des personnes que j’accompagne qui atteignent leurs objectifs, avec plus de confiance, plus de clarté, et des stratégies alignées à leurs enjeux réels. Je suis également fière de voir émerger une nouvelle génération de jeunes femmes se dire : « si elle l’a fait, pourquoi pas moi ? »
À mon sens, être une femme leader, ce n’est pas briller seule. C’est créer des trajectoires pour que d’autres puissent marcher, voire courir plus loin.
Quel est votre mot de la fin ?
Mon mot de la fin est un appel à l’audace, à la co-construction, à la fidélité à nos visions profondes. Cette 2ᵉ édition est une invitation à réinventer nos manières de coopérer, de produire, d’influencer. Elle pose un cadre pour faire dialoguer les territoires, valoriser les expertises, et catalyser des dynamiques industrielles à fort impact. Chacun a un rôle à jouer dans la construction d’une Afrique industrielle, souveraine et créative. Quant à moi, je continuerai à faire ce que je sais faire : créer des espaces de sens, d’alignement et de transformation, où les trajectoires s’élèvent, les idées circulent, et les alliances deviennent des leviers durables.
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DORINE GUEYE MBAYE