WASIS DIOP Un artiste 360° , parle de la musique

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« C’est une forme de thérapie »

Un artiste complet. C’est le moins que l’on puisse dire de Wasis Diop. Il est arrivé dans l’univers des arts grâce à son frère, le brillantissime réalisateur, Feu Djibril Diop Mambéty. Depuis, il a su tisser sa toile et se faire une place.

Il a plusieurs cordes à son arc. Chanteur, cinéaste, photographe, peintre, Wasis Diop est un artiste multidimensionnel. C’est aux côtés de son frère cinéaste d’envergure, Feu Djibril Diop Mambéty, qu’il a fait ses débuts dans le monde des arts. D’ailleurs, il a fait la musique (tout ou en partie) des films Hyènes et La Petite vendeuse de Soleil. Il a également pu tester ses talents d’acteur en interprétant des rôles dans ‘’Badou Boy’’, par exemple. Un court métrage sorti en 1970.

Malheureusement, Mambety s’en est allé très tôt. Un sevrage brutal qui ne brisera pas les ailes du jeune Wasis Diop. Il continue à pousser, à articuler, à travailler pour essayer de faire rêver. D’ailleurs, il se décrit toujours comme quelqu’un qui cherche encore sa voie. Mais, s’il est connu du grand public, c’est grâce à la musique. D’ailleurs, il affirme que c’est grâce à cette dernière qu’il a pu vivre décemment, se projeter et mieux raconter sa société. Tout ceci lui vient naturellement. Pourtant, jadis, se rappelle-t-il, la musique semblait être l’affaire des seuls griots. Les non-griots qui chantaient étaient mal vus. Aujourd’hui, les choses ont bien changé.  Ce qui le pousse à affirmer : « nous avons un peu cassé les codes ». En effet, il fait partie de ceux qui ont osé.

Amoureux de la musique, ce grand chanteur vit sa passion sans limite. Il fait vivre sa passion pour la musique mais également pour le cinéma, la photographie. Tout intervient dans ses compositions musicales. « Mes chansons sont ponctuées de mises en scène. Je viens du cinéma, alors pour tout ce que je raconte, j’ai l’impression d’avoir un focus, c’est-à-dire j’ai une vision panoramique. C’est mon frère qui m’a entrainé dans ce monde et j’aime l’image », a confié Wasis Diop. Un ensemble qui permet au frère de Djibril Diop Mambéty de conquérir le public avec ses chansons.

« La musique est une thérapie et ceux qui viennent sont là pour se soigner », c’est pour cette raison que Wasis puise dans sa culture, dans son continent pour s’exprimer. Néanmoins, il se garde toujours de donner des leçons de morale. Il estime que la vie est une expérience personnelle et que donner des leçons est un peu agressif. Cependant, il va user de la philosophie pour faire passer son message. « Mes chansons s’articulent autour de choses qui sont intérieures. Nous sommes une société de réflexion et la langue wolof est une langue philosophique. Si on veut parler à une personne sans la blesser, c’est par la philosophie qu’on peut lui parler », rappelle-t-il.

Cet artiste complet est convaincu qu’on ne devient pas artiste, on naît artiste. Selon lui, « l’art ne s’apprend pas. Même dans les écoles, on vous apprend les techniques pour élaborer quelques choses de basique, d’intéressant pour vous accompagner. C’est une vocation. Je suis devenu artiste parce que je me sentais artiste ».

Aujourd’hui, malgré son parcours, son vécu, Wasis Diop décrit les moments sur scène comme stressants, inquiétants. Des moments où l’artiste cherche à s’en sortir. « Sur scène, on a peur, on essaie de s’en sortir. Jouer devant un public, c’est comme se déshabiller et c’est un exercice difficile mais on finit par s’y habituer. Je ressens des tremblements et de la stupeur. Les gens qui viennent sont là pour recevoir. Parfois, on a peur de n’avoir rien à donner mais on fait tout pour offrir quelque chose », confie le grand artiste.

Aïssatou FAYE

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