Mwassi Moyindo, est cette jeune artiste qui illumine la scène du slam en République du Congo depuis un bon moment déjà. Cette étoile montante africaine qui marque les esprits par ses textes poétiques et cadencés, se laisse découvrir par notre rédaction en 6 points.
Mwassi Moyindo, de son vrai nom Theresa Honoré Diakanua N’sila, a tout juste 25 ans. Son pseudonyme qui signifie femme noire en lingala, décrit très bien ce bout de femme qui réussit à combiner écriture (c’est une poétesse), slam, comédie, carrière de modèle photo à une vie de jeune mère. En effet, sous ses airs d’éternel enfant, Mwassi est la mère d’une jolie petite fille. Toutefois, elle aime se définir comme une congolaise lambda qui n’aspire qu’à une vie simple et paisible.
Son histoire avec le slam.
Elle découvre le slam en 2011 tout à fait par hasard, grâce un concours interscolaire à Brazzaville (auquel elle n’a pas participé) organisé par le collectif artistique Styl’oblique. Ce concours lui permettra de découvrir ce style musical qui cadre bien avec son talent en écriture, notamment la poésie qu’elle pratique depuis ses débuts dans le secondaire. Elle avoue n’avoir absolument pas connu le slam avant cette période, elle s’adonnait plutôt à la comédie. Cependant, encouragée par des aînées de « Styl’oblique » qui détectent en elle un talent, elle intégrera le Collectif qui lui permettra de se former et de se perfectionner. Elle fera d’ailleurs plusieurs scènes en tant qu’amatrice avant de se lancer professionnellement en 2021.
Ses textes : son engagement.
« Je suis engagée dans la cause de l’acceptation de soi, l’émancipation de la femme, et la défense des droits humains. »
Oui, Mwassi se revendique comme une slameuse engagée, qui veut au travers de ses textes encourager la jeune femme à la prise de conscience de ce qu’il y a de mieux pour elle, et à la recherche de son épanouissement, sans toutefois verser dans la facilité. Un titre comme « Zala yo », qui parle des femmes qui choisissent de sortir des sentiers battus et d’emprunter des voies autres que celles que la société prescrit pour vivre pleinement, reflète clairement cette prise de position.
Mwassi et les réseaux sociaux
Internet est sa plate-forme de communication favorite. À travers son compte Instagram et sa page Facebook qui regroupent plus de 20 000 abonnés, l’artiste se livre en toute simplicité à sa communauté avec qui elle partage ses joies, ses peines, ses coups de gueule, ses coups de cœur sur les sujets qui lui tiennent à cœur. Elle sait rire avec ses fans, partager des moments intimes et n’hésite pas à dénoncer quand cela est nécessaire ; encore plus quand il s’agit de la femme.
« La situation de la femme, partout dans le monde, dans certains endroits plus qu’ailleurs, est déplorable et mérite qu’on en parle. Les injustices, les violences, les interdits, les mises à l’écart, les stéréotypes, le regard de la société… tellement de choses empêchent plusieurs femmes de s’émouvoir et de s’épanouir aujourd’hui que je ne peux m’empêcher d’en parler », nous confie-t-elle.
Récompenses
Cette slameuse qui a pourtant reçu de nombreuses récompenses, n’aime pas en parler. Elle ne souhaite même pas qu’on les cite. Pour beaucoup d’artistes, si la soif de reconnaissance constitue leur principale source de motivation, Mwassi préfère se satisfaire d’autre chose… « Des récompenses j’en ai reçues mais je pense vraiment que les récompenses sont des détails. La meilleure des récompenses c’est le regard et le sourire des gens qui se retrouvent dans tes écrits. C’est sans pareil ».
Perspectives et ambition
Malgré les difficultés rencontrées, inhérentes au milieu artistique en général dans son pays (il n’est pas toujours évident de vivre de son art au Congo-Brazzaville bien que cela ne soit pas impossible), Mwassi compte sortir un album. « J’aimerais continuer de faire ce que je fais aujourd’hui, avec une plus grande audience bien sûr, avec une meilleure visibilité, mais je ne demande rien d’autre que d’être écoutée. Mon plan de carrière, c’est être écoutée ».
Nama Mekoua Stéphane