OWENS, le symbole du savoir-faire sénégalais à l’assaut du monde de la haute couture

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Plongé dans l’univers de la mode sénégalaise depuis 13 ans, Ousseynou Owens Ndiaye, styliste designer et créateur passionné, poursuit sa progression dans la confection du sur-mesure à Dakar. Sa passion pour la mode prend le dessus sur ses études universitaires en Droit. Début 2010, Owens inaugure son premier showroom. Aujourd’hui il en compte deux et envisage de s’établir dans toute l’Afrique en commençant par Abidjan. Son parcours inspirant témoigne d’un choix impulsif mais déterminant pour sa carrière, adoptant le tradi-moderne dans ses créations pour hommes, femmes et enfants.

Entretien…

En quoi vos études de droit, vous aident -t-il aujourd’hui dans la mode ?

Les bases que j’ai acquises lors de mes études en Droit m’aident beaucoup au quotidien, aussi bien dans l’élaboration de contrats B2B, notamment dans nos interactions avec les entreprises, que dans la gestion des contentieux inévitables dans le monde des affaires. Elles m’ont aussi permis de prendre conscience dès le début de l’importance de formaliser mon activité.

 Quel est, selon vous, l’intérêt de formaliser son entreprise ?

C’est essentiel. La formalisation est capitale, surtout lorsqu’on sollicite un financement auprès des banques, investisseurs ou structures étatiques où que l’on souhaite accéder aux commandes publiques. Se formaliser permet d’exister juridiquement et de piloter correctement son activité

Quelles sont vos sources d’inspiration, et quel est votre style de créations ?

Dans la mode, à mon avis, il n’y a pas de règles. Les codes sont aujourd’hui cassés, je m’inspire de diverses sources, que ce soit un tableau d’art, un t-shirt, ou même des formes géométriques telles que l’hexagone, le pentagone, le triangle et le rectangle, surtout dans la broderie moderne que nous réalisons. Parfois, je puise aussi mon inspiration dans des éléments insoupçonnés comme un drapeau national.

L’alliance du traditionnel et du moderne s’explique par l’évolution du boubou traditionnel, qui était autrefois, encombrant et réservé aux occasions spéciales, comme les cérémonies familiales ou religieuses. Avec l’évolution du monde, nous avons ressenti le besoin de le moderniser pour le rendre plus pratique et adapté à la vie quotidienne contemporaine. Ainsi, la tenue devient universelle et multifonctionnelle, pouvant être portée au travail, en voyage, ou simplement tous les jours.

Lorsque je me lançais dans la mode, mon frère aîné pensait que c’était impossible de créer à la fois des lignes pour hommes, femmes et enfants. Il m’avait suggéré à l’époque de me spécialiser dans un seul domaine. Cependant, je nourrissais l’envie de proposer une gamme diversifiée pour répondre aux besoins variés de mes clients. Je voulais que les hommes puissent, en venant chez moi, acheter pour leurs femmes, mères, sœurs, voire enfants. Je me sentais capable de créer pour les trois catégories, et cela a fonctionné. Ainsi, je propose une large variété de styles, du traditionnel au moderne, allant des vestes aux robes en passant par les pantalons et chemises.

Les créations sénégalaises sont parfois réputées onéreuses. Qu’est-ce qui selon vous l’explique ?

Je ne suis pas de cet avis… En tout état de cause, la création implique un processus souvent laborieux, parfois prenant une semaine, deux semaines, voire plus, notamment pour les tenues qui requièrent beaucoup de travail manuel, comme de la broderie à la main. La qualité des tissus et du travail minutieux influe sur le coût, tout comme les charges liées à la boutique, au packaging et à l’aspiration à une dimension luxueuse.  De plus, la notion de « cher » est relatif, surtout si on compare les prix des créations sénégalaises de la haute couture à celles des grandes marques occidentales qui sont plusieurs fois plus chères. Ce qui n’empêche pas certains de nos compatriotes d’en acheter. La recherche de qualité et de luxe implique naturellement un certain coût. Tout est une question de perception des choses.

Fort de votre parcours de jeune entrepreneur, quel message lancez-vous aux jeunes en général ?

Je leur dis que partir à l’étranger n’est pas nécessairement la solution, car même ceux qui partent en toute légalité sont susceptibles de rencontrer des difficultés en Europe. Il est possible de réussir en restant travailler au Sénégal, en Afrique. Mes parents, par exemple, ont fait leurs études ici au Sénégal. Il y a des exemples de réussite qui n’ont jamais quitté le pays. Il est essentiel de se concentrer sur le travail acharné plutôt que sur le rêve d’ailleurs. Comme le répétait le président sénégalais Abdoulaye WADE : « il faut travailler, encore travailler, toujours travailler ». La clé du succès réside dans le travail constant et acharné. Il est nécessaire d’avoir une vision, de croire en soi et en son projet, de se faire accompagner et surtout de persévérer pour atteindre ses objectifs.

Pour terminer Ousseynou Ndiaye, Owens prône l’union de tous les acteurs de la mode pour prospérer ensemble. Selon lui, ce secteur génère des revenus considérables, et en s’unissant, en se donnant la main, les acteurs pourront avancer et réussir ensemble. Seul, on peut aller vite, mais ensemble, on peut aller plus loin, comme le dit le proverbe.

Arona Mbaye-Safiatou Ly Sylla