De chauffeur de taxi à chef d’entreprise, Ibrahima Sylla voit l’entrepreneuriat comme une voie de salut dans un monde où trouver un emploi devient de plus en plus difficile. Le patron de Salam transport est aujourd’hui à la tête d’une société avec une vingtaine d’employés et détient une flotte de sept bus qui rallient cinq régions du Sénégal. Et cela sans subvention, ni crédit, Salam transport roule sur fonds propres.
Vous êtes né en France, comment êtes-vous lié d’amour avec le Sénégal ?
Je suis né et j’ai grandi en France. J’ai passé une bonne partie de ma vie ici au Sénégal. J’ai des parents d’origine sénégalaise notamment à Tambacounda. Donc le fait de faire des allers retours m’a donné l’amour et le goût du pays.
Vous êtes à la tête d’une société de transport. Parlez-nous de votre activité ?
La société Salam Transport est une société créée par des enfants de la Diaspora. Je n’aime pas trop ce terme. Mais, c’est ainsi que nous sommes désignés, malheureusement. Nous avons investi dans le domaine du transport pour rallier les différentes régions du Sénégal. Tout a commencé en 2016. À l’époque, j’avais un travail stable en France. J’étais un chauffeur de taxi là-bas et cela faisait plus de dix ans que j’exerçais ce métier. J’avais économisé un peu d’argent et nous avons décidé, mes associés et moi, de nous lancer à l’aventure en mettant sur pied Salam Transport. Nous avons commencé par la ligne Dakar-Tambacounda parce que nous savons que la distance reliant ses deux villes est de 400 Km et qu’il est très difficile de quitter la capitale pour rallier Tamba. Nous connaissons tous les conditions difficiles dans lesquelles les gens voyagent. C’est ce qui nous a poussés à créer cette ligne, afin d’offrir un meilleur confort aux voyageurs qui empruntent cet axe.
Pourquoi avoir choisi le secteur du transport pour y investir ?
Le transport est un secteur en expansion au Sénégal, et qui s’émancipe. En plus, nous nous sommes rendu compte qu’il y a un déficit de bus assurant le transport entre la capitale et l’intérieur du pays. Et nous avons voulu résorber ce gap. Le transport est un secteur clé de l’économie sénégalaise qu’il faut constamment améliorer. Il n’y a pas beaucoup d’infrastructures dans ce domaine, alors qu’on sait que la majeure partie de la population se déplace en bus. Donc, nous aussi, nous avons voulu apporter notre pierre à l’édifice et de la meilleure des manières qu’il soit, en créant Salam Transport.
Vous avez évoqué un problème d’infrastructures. Est-ce que les modèles de voitures que vous proposez répondent au confort ?
Oui ! On essaye de satisfaire la clientèle. Quand je parle du manque d’infrastructures, cela ne concerne pas tout le Sénégal. Car aujourd’hui, il y a des infrastructures routières comme l’autoroute lla Touba qui se développent. On ne va pas cracher dans la soupe, on voit vraiment que l’Etat sénégalais, en ce moment, travaille. Il y a un peu plus d’infrastructures routières de qualité. Nous sommes venus accompagner ces changements.
Sentez-vous aujourd’hui la concurrence ?
Personnellement, je n’aime pas le terme concurrence. À la place, j’utilise le mot collègue. Car, la concurrence peut, parfois, être malsaine. Elle amène de la rivalité. Or, je déteste cela. Je pense qu’il y a de la place pour tout le monde. Nous sommes plus de 16 millions d’habitants et nous avons tous besoin de moyens de transport pour nous déplacer. Et la demande est tellement forte qu’une seule société de transport serait incapable de la satisfaire. Donc, tout citoyen qui en a la capacité peut apporter sa pierre à l’édifice. Sans aucune fausse modestie, j’estime que Salam Transport a apporté une nouvelle vision dans le transport au Sénégal. Nous sommes présents pour plusieurs raisons. Et grâce à nous, certains ont mis de la climatisation dans leur bus. Je ne dis pas que Salam Transport a révolutionné le Transport, mais il a apporté une vague de fraîcheur.
Vous avez combien de bus qui sont mis en circulation ?
Aujourd’hui, nous en avons sept. Il faut savoir qu’aujourd’hui, Salam Transport n’a reçu aucun financement de qui que ce soit. Nous fonctionnons avec nos propres moyens et, comme on dit, l’Homme propose Dieu dispose, nous faisons de notre mieux pour grandir et le reste relève du Divin.
Vous avez combien d’employés ?
Nous avons une vingtaine d’employés et d’ailleurs c’est l’occasion de leur rendre hommage parce qu’aujourd’hui, si Salam Transport en est arrivé là, c’est grâce à eux. Ils y croient et se donnent à fond pour la réussite du projet.
Il n’est jamais facile d’entreprendre. Vous êtes arrivé à vous imposer. Quelle est votre plus grande satisfaction ?
(Silence). Bon, il y en a plusieurs. L’une d’elle est la satisfaction des gens. Cela n’a pas de prix. On est comblé quand par exemple, on fait voyager quelqu’un d’un point A à un point B et que l’on voit dans ses yeux, dans son regard une certaine joie, une fierté, un soulagement, ce sentiment est juste magique. Je pense qu’aujourd’hui, il est vrai qu’on est tous attiré par le gain mais il y a une priorité. Et la priorité pour moi, c’est satisfaire l’humain.
Quelles sont vos perspectives ?
Une fois qu’on lance son entreprise, l’objectif c’est de la développer. Aujourd’hui, on est dans cinq régions du Sénégal, et il nous reste encore neuf à couvrir. Donc, nous comptons nous développer, on va essayer d’atteindre cet objectif, après pourquoi ne pas aller en Afrique. Nous sommes ambitieux, mais je pense qu’il faut être humble dans la vie et y aller étape par étape. Après, on verra ce que l’avenir nous réserve, mais on ne se fixe pas de limites.
Alioune Mbaye