Monsieur Saïd LARIFOU, natif de Madagascar, originaire de l’archipel des Comores, est un avocat de profession, père de cinq enfants, homme politique et président du parti le RIDJA, Rassemblement pour une initiative de développement avec une jeunesse avertie qu’il a renommé désormais RIDJA-PACTEF, Patriotes Africains des Comores pour l’éthique, le travail et la fraternité. Titulaire d’un DESS Notariat et Droit des Affaires Internationales à la Sorbonne (Paris), il a tout de suite compris que le notariat n’était pas sa voie avant d’aller d’inscrire au centre de la formation des Avocats à l’ile de la Réunion où il a débuté sa longue, riche et bouillante carrière d’avocat.
Son métier d’avocat
Dès que j’ai mis les pieds dans un cabinet d’avocat à Saint-Denis et Saint- Pierre de la Réunion, premier, deuxième, troisième jour, je me suis dit, enfin, j’ai trouvé ma voie. La profession d’avocat est taillée pour moi et l’appréhension que j’en avais, qui m’a orienté vers le notariat, n’était qu’un mauvais souvenir. S’en est suivie une longue et très belle aventure, des expériences qui m’ont conduit là où je suis aujourd’hui. Une profession que j’exerce toujours avec passion, amour, dévouement et puis beaucoup d’engagement et de convictions. Ce métier m’a toujours invité à prendre part à l’Histoire de mon pays les Comores, de mes compatriotes et de mon continent, l’Afrique et de l’Humanité. Trois mois après avoir prêté serment, en tant qu’avocat à la cour d’appel de Saint-Denis de la Réunion (département français) le 4 décembre1994, il y a trente ans, on m’a appelé pour prendre la défense de la famille d’un jeune Comorien assassiné par les colleurs d’affiches du Front National à Marseille. J’ai beaucoup hésité à prendre ce dossier tout simplement parce que je n’étais pas pénaliste mais plutôt civiliste débutant dans le métier. Je me suis retrouvé dans un dossier pénal extrêmement lourd, complexe avec des conséquences inimaginables dans le contexte des élections Présidentielles de 1995 en France, très tendues avec la percée du Front National dirige a l’époque par le duo Jean Marie Lepen et Bruno Maigret face à un SOS Racisme très offensif dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. J’avais alors fait citer à comparaitre les dirigeants du front National à la Cour d’assises d’Aix. Peu de temps après, j’ai affronté le mercenaire français Bob Denard à la Grande Cour d’Assises de Paris dans l’affaire d’assassinat du Président Comorien Ahmed Abdallah ABDEREMANE, puis contre le même Bob Denard devant le tribunal correctionnel de Paris à la suite du coup d’Etat contre le président Djohar et sa déportation vers l’lle de la Réunion. Ainsi, j’ai découvert ma vocation à travers le dossier d’assassinat du jeune Ibrahim Ali par les colleurs d’affiches du Front National, confirmant mon engagement constant pour des valeurs humanistes et des droits humains à travers d’autres procès. Mon orientation professionnelle m’a valu de fortes turbulences, des ennuis et fort avec le soutien du tout puissant et de mon entourage familial et amical, j’ai tenu et vaincu. Et puis, il y a eu aussi, il faut dire des choses comme des arrestations, des violences exercées sur ma personne en pleine plaidoirie, parce qu’il fallait défendre les libertés de la presse. J’ai également subi des interpellations par des gendarmes, été placé en garde à vue. Je ne peux même pas vous dire le nombre de gardes à vue que j’ai effectuées. Je saisis cette opportunité pour exprimer ma gratitude à tous ceux et celles qui m’ont orienté, accompagné et soutenu dans toutes les épreuves éprouvées.
Son engagement politique
Mon père a travaillé dans la Marine Nationale dans la base navale à Diego Suarez (Madagascar) où je suis né avant de venir s’installer à l’ile de la Réunion. Lorsqu’on évolue dans un cadre familial, on est tenté facilement à suivre, à s’inscrire dans la dynamique de l’environnement pour mieux s’identifier. Le commandant de la Marine Nationale qui venait à la maison pratiquement tous les week-ends m’a une fois dit qu’il me voyait bien faire de la politique. Finalement, j’ai fait des études de droit et je me suis lancé dans la politique par amour pour les Comores. Mon mentor, Monsieur Ali Mlamali, enseignant à la retraite, ancien ministre, m’a convaincu de faire ce choix pour ma communauté. Il m’a ensuite encouragé et soutenu à inscrire mon engagement politique dans une dynamique de rupture incarnée, non pas par ceux qui sont déjà là, qui ont des habitudes et qui ne feront véritablement rien pour les générations futures de comoriens, mais pour travailler à faire naître une autre vision pour les Comores. Il m’a beaucoup aidé, donné des outils et des instruments susceptibles de faire émerger une vraie rupture qui oriente, qui chamboule tout et qui mène le pays vers de nouveaux horizons. Je me souviens de ses enseignements prophétiques lorsqu’il me disait que ça sera très difficile mais il arrivera un moment où ma façon de faire, mes relations, mes expériences seront très utiles au pays. Voilà, d’où l’idée de mettre en place le parti qui s’appelait le Rassemblement pour une Initiative de Développement avec une Jeunesse Avertie qui était née à l’île de la Réunion et s’est installée dans la diaspora à Marseille et à Paris avant les Comores. Les premières expériences politiques pour nous, c’était après le coup d’Etat, le premier d’Azali Assoumani, le chef d’État actuel. Je suis arrivé deux fois au second tour des élections aux Comores que j’ai gagné mais malheureusement perdu à la suite de fraudes massives. Il y a des défis immédiats pour notre pays, les Comores mais le plus urgent est sa libération pour rétablir l’ordre démocratique et puis l’État de droit, qui sont bafoués depuis 2016. Je me suis bien préparé avec toute la détermination requise pour une telle mission. Je suis outillé et dispose du soutien nécessaire pour mener ce combat politique contre la dictature et libérer mon pays. Je sais que j’ai le soutien de mon peuple pour assumer mes responsabilités de leader. Il ne s’agit pas de mon destin, puisque je suis un être humain qui est amené à rejoindre mon créateur, mais celui de mon pays, les Comores. Le destin des Comores, avec le régime autoritaire du président actuel et ses enfants que nous devons faire partir démocratiquement dont le combat sera porté par tous les Comoriens pour enfin résoudre les problèmes du pays.
Les Comoriens sont en légitime défense pour sauver ce qui peut l’être encore mais comptent le faire dans la légalité. Personnellement, en tant qu’un homme de devoir, leader, je ne peux pas laisser le destin de mon pays entre les mains de ceux qui ternissent son image. Donc, arrivé à un certain stade, vous devez être capables de faire le don de soi pour libérer votre pays.
Moi, je suis musulman, africain et je crois en certaines valeurs, des sacrifices pour sauver notre pays et ses valeurs. Avec d’autres compatriotes comoriens et africains, nous sommes disposés et capables de faire ce don de soi.
Sa vision d’une Afrique nouvelle avec ses nouveaux dirigeants
Je suis de ceux qui, en Afrique, pensent que lorsqu’on parle de l’avenir de l’Afrique, il ne faut pas que ce soit un slogan. Je m’inscris dans la dynamique enclenchée par des nouveaux dirigeants, plus réactifs et inspirants en Afrique de l’Ouest et de l’Est. Il y a des dirigeants qui, sans être en opposition avec aucun autre État, avec une autre puissance ou bien avec un autre continent, affirment leur africanité, leur attachement à nos valeurs et nos identités africaines. C’est pour cette raison que je mets à la disposition de ces dirigeants le peu de moyens, le peu d’enthousiasme que j’ai pour les accompagner, puisque je sais que leur réussite fera gagner toute l’Afrique. Ce n’est pas facile, puisqu’on est dans un monde de compétition ou chacun voudrait gagner plus que l’autre, mais il n’y a aucune raison à ce que l’Afrique ne soit pas au rendez-vous. Nous avons les moyens suffisants pour relever nos propres défis.
Sa relation avec le SÉNÉGAL
Je salue et je suis très fier d’avoir, à ma modeste place, contribué à la victoire du projet au Sénégal. Maintenant, je suis très admiratif de la stratégie, de la méthodologie employée pour que le projet se concrétise graduellement. Et puis maintenant, il faut que le projet se réalise, la méthodologie, la stratégie mise en place pour sa réussite graduelle me semble une façon tout à fait intelligente. Mais nous sommes nombreux à avoir déployé autant d’énergie pour que le projet soit au rendez-vous et qu’il soit choisi. Maintenant, nous sommes nombreux parce qu’il y a un volet africain sur ce projet qui nous intéresse, qui nous interpelle, que nous voulons que ce projet se réalise. Je parle du Sénégal, mais il n’y a pas que le Sénégal, puisque ce qui se fait ici, nous pensons le faire ailleurs également, puisque nous sommes en compétition. Lorsqu’on est en compétition, on doit avoir des champions, avoir un capitaine. Et le capitaine doit être soutenu par les défenseurs, par les attaquants, pour qu’ils marquent le but. Il faut qu’il y ait des pays qui inspirent en Afrique. Il faut qu’il y ait des pays qui constituent des modèles en Afrique. Le Sénégal s’est distingué au point de vue démocratique, puisque les Sénégalais ont montré leur attachement viscéral, en tout cas profond, à leur héritage démocratique. Ça a inspiré et ça inspire beaucoup de pays africains. Je suis témoin, je peux le dire, pour avoir été interpellé dans les différentes conférences que j’ai eues à tenir en Afrique. Maintenant il faut que ce combat démocratique se concrétise aussi sur le volet économique, sur d’autres secteurs également culturels.
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Arona MBAYE