Diane Aurore KINDJI Chargée de la Communication du réseau AWLN au Bénin : « Une femme au pouvoir : du pain béni pour l’économie des pays »

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« Lorsqu’une femme montre ses compétences, son courage et sa persévérance au travail, certains hommes machos estiment qu’elle a forcément vendu son corps pour atteindre son niveau professionnel. Pour eux, il n’y a que deux façons pour une femme de réussir : être positionnée par sa famille ou passer par la promotion canapé. C’est peut-être leur manière de cacher le retard vis-à-vis de certaines femmes », affirme Diane Aurore Kindji. Elle a su braver ces difficultés et se bat aujourd’hui pour changer les choses pour les jeunes femmes béninoises.

Eboua Tayo Diane Aurore Kindji est une Béninoise d’une trentaine d’années, qui se bat contre les inégalités entre les hommes et les femmes. Elle débute sa carrière professionnelle par un stage de six mois au sein du quotidien Fraternité qui est un groupe de presse constitué, en plus du journal, de la Radio Fraternité et de la chaîne de télévision Canal 3. Au terme de son stage, elle s’attache au monde des médias et demande à être réaffectée à la Radio Fraternité sise à Parakou au nord du Bénin, où elle passera une année. Elle cumule ce travail avec ses études pour obtenir sa licence en Communication et Négociation commerciale. Après la presse écrite et la radio, elle s’intéresse logiquement à la télévision. Suite à un test de recrutement, elle est prise comme assistante du Directeur des relations publiques de Canal 3. Ce poste a souvent conduit Diane Aurore à assurer l’intérim du Directeur des relations publiques. Pour ses collègues, c’était une aberration qu’une jeune femme de 21 ans à peine occupe un tel poste au sein de la chaîne. Malgré toutes les rumeurs et les coups bas, elle a su rester forte et effectuer son travail avec brio pendant trois ans. Après avoir enduré moult humiliations, elle décide de démissionner et d’aller continuer ses études au Maroc.

En Afrique, selon certains misogynes, une femme n’a pas les compétences pour occuper un poste de responsabilité. Pour eux, une femme au pouvoir est un danger. Diane Aurore assure pourtant que : « les pays dans lesquels les femmes sont mises à des postes d’influences, sont toujours prospères et bien administrés ». Pour mettre fin à ce genre de pensées dans son entourage et son pays, elle fait en sorte d’avoir toujours du succès et de montrer ce qu’elle vaut à tous ceux qui estiment qu’une femme ne peut rien faire. « Un modèle féminin comme chef d’État pousserait les plus jeunes à vouloir elles également se lancer en politique. Tout n’est qu’une question d’image finalement. À force de ne jamais voir des femmes diriger un empire, les petites filles n’y voient aucun intérêt. La jeunesse féminine africaine, a donc besoin de voir des femmes d’influence, de pouvoir, qui dirigent les pays ou même des institutions publiques comme privées. », renchérit-elle.

Dans le cadre de sa croisade, elle intègre le Réseau ouest africain des jeunes femmes leaders (ROAJELF-bénin), puis crée en 2018 avec sept autres jeunes femmes béninoises, le creuset des Femmes engagées pour des nominations et des élections paritaires (FENEP). Aujourd’hui, elle est consultante indépendante en genre et développement, Directrice exécutive de l’ONG Gsl-Africa qui s’occupe de paix et sécurité ainsi que Chargée de communication du Réseau des Femmes leaders africaines AWLN, chapitre Bénin.

En Afrique et partout dans le monde, il est difficile pour une femme, d’être une professionnelle et d’avoir une vie de famille. Certaines femmes sont contraintes de faire un choix au risque d’être mal vu par la société. Diane Aurore, malgré son travail très prenant arrive à concilier famille et travail sans pourtant subir les revers de la médaille. “Dans un environnement socioculturel comme le nôtre, ce n’est pas facile de concilier vie familiale et vie professionnelle en tant que femme. Moi, j’associe ma famille à tous mes projets. Mon époux et mes enfants savent ce que je fais comme travail. Plus tôt les choses sont claires, mieux c’est. Je communique beaucoup avec mes enfants et mon époux. L’essentiel est de savoir s’organiser en fonction du travail. Pendant mes congés, je passe beaucoup de temps avec la famille. Quand je suis en déplacement, j’organise des réunions en ligne avec les enfants chaque dimanche. »

L’ultime rêve de cette féministe est de « voir une Afrique unie et forte avec des femmes dans les hautes instances de décision, qui travaillent main dans la main avec les hommes », sans discrimination ou différenciation aucune. « Je ne cesserai pas de former et de sensibiliser les plus jeunes sur le leadership et l’autonomisation. Je serai heureuse, les années à venir de voir dans les couloirs des administrations, des universités, des hôpitaux et bien d’autres des femmes qui dirigent et coordonnent. Grace au dur labeur des générations antérieures et à la nôtre, l’égalité se trouve aujourd’hui à notre portée. Je reste convaincue que les femmes sont capables d’assumer plus de responsabilités au travail.

Claude Glélé