BIBI SECK : LE DESIGN DANS LA PEAU !

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Bibi Seck a fait de sa passion son métier ! Cela lui permet de gagner sa vie. Mais aussi de faire des émules. Plusieurs jeunes rêvent de suivre sa trajectoire…

Qu’est-ce que le design ?

C’est trouver des solutions aux problèmes des autres.

Le design est-il une passion pour vous ?   

 Je dessine depuis toujours. Je n’ai jamais arrêté de dessiner. Je savais que j’allais faire un métier en rapport avec le dessin. J’ai découvert le design en passant devant une école de design à Paris.

C’est quoi être designer chez Renault ?
Lorsque j’étais designer chez Renault, je travaillais surtout dans la conception des intérieurs et notamment la première Scénic, et même la deuxième. J’ai beaucoup appris en étant designer chez Renault. En fait, on veut pousser les gens à faire des écoles, on les encourage à aller vers des centres de formation, mais la véritable formation débute quand on commence à travailler dans des entreprises. Par exemple, je ne sais pas si à l’école on m’a vraiment appris à collaborer. Alors que lorsque je suis arrivé chez Renault … une voiture ne se crée pas toute seule. On travaille avec différents ingénieurs, des ergonomes, des maquettistes, on travaille même avec d’autres designers. On apprend à travailler en équipe.

Laquelle de vos créations vous a le plus marqué ?
Il y a un produit que j’aime bien, que j’ai conçu au Sénégal. C’est une ligne de produits de mobiliers faits en plastique recyclé. J’aime bien ces produits issus de matières premières qui viennent de nos poubelles.

Parlez-nous de votre expérience d’entrepreneur ?
Lorsque j’ai quitté Renault, j’ai créé avec mon partenaire Ayse Birsel une agence de design basée à New York qui s’appelle Birsel+Seck. Puis, petit à petit, en venant de plus en plus souvent au Sénégal, j’ai commencé à flirter avec des artisans locaux, aussi bien dans le bois, la menuiserie métallique, des bijoutiers… Et j’ai trouvé cela très plaisant et informel. Au Sénégal, travailler des artisans m’a permis de tisser des relations émotionnelles avec eux. On passe du temps ensemble, et on comprend très vite que les meilleures choses se font à plusieurs.

Que vous inspire la richesse de l’artisanat sénégalais ?
On est entouré d’artisans. On finit d’ailleurs nous-mêmes par devenir artisans. Il y a des sociétés qui vendent des mobiliers qui viennent d’Europe, de Chine, mais je pense que les populations entretiennent de meilleures relations émotionnelles avec l’artisan du quartier qui va leur faire un lit, une table, qu’avec des sociétés ou boutiques qui importent des produits qui viennent de l’extérieur. Je trouve assez intéressant de participer à la mise en valeur de l’artisanat avec mon métier qu’est le design.

Comment accompagnez-vous les jeunes designers ?
Lorsque j’étais chez Renault, je donnais le soir des cours de design. Et j’ai toujours été inspiré par la formation, c’est-à-dire de travailler avec des jeunes en partageant avec eux mon expérience, ma connaissance, et en tirant d’eux une espèce de Jeunesse, un nouveau regard sur les choses, je trouvais cela très inspirant. Mais ce que j’aimais surtout c’était d’enseigner aux jeunes la pratique du dessin. Ça m’a toujours intéressé de travailler avec les jeunes pour leur montrer que le dessin était important.

Avez-vous des projets pour dynamiser le secteur ? Longtemps j’ai espéré créer une école de design. Et peut-être qu’après mûre réflexion je pense que ce n’est peut-être pas la priorité. C’est plutôt de participer à la formation de l’artisanat. En fait, le designer en Afrique devrait être l’artisan. C’est-à-dire que c’est à l’artisan qu’on devrait enseigner le design. Moi je trouve des artisans ici qui savent très bien les choses, et sont créatifs. Mais ils manquent d’une certaine formation. Ce n’est peut-être pas de designers tout court dont on a besoin en Afrique, mais d’artisans designers, des artisans qui ont aussi une formation en design. Je pense que c’est ça l’avenir.

Vous interviendrez dans quel domaine pour améliorer le quotidien des Sénégalais ?
Je pense que je travaillerais dans les problèmes qu’ils ont tous les jours, par exemple les transports. Les gens font des kilomètres dans des bus qui n’ont pas été conçus pour notre environnement. Si on améliore le transport des Sénégalais, ce serait un grand pas pour eux.