Leilah Yatassaye-Tirera, Spécialiste en Marketing, Communication

dorine
dorine

« La Foi, un moteur et une source de persévérance. »

Auteure, conférencière et formatrice engagée, Leilah Yatassaye Tirera est une Ivoirienne de 42 ans, active aux côtés des communautés en vue de changer les mentalités. Forte d’une expérience de plusieurs années dans les multinationales et sensible aux questions de genre et d’équilibre familial, Leilah encadre les femmes entrepreneures et les aide à développer leurs entreprises. Briser les tabous autour de l’infertilité est un des combats que mène la dame qui est venue à bout de l’endométriose, cette maladie altérant la fertilité de la femme. De cette épreuve naquit son premier ouvrage intitulé « Ultime moment », publié en janvier 2020 aux éditions l’« Harmattan ».  

Animée par le désir de créer, d’innover perpétuellement, de vouloir s’exprimer davantage mais surtout la volonté d’aller au bout de ses initiatives, Leilah s’est résolue à lancer son cabinet de conseils en stratégie marketing et gestion de projets en 2017, après avoir occupé plusieurs fonctions dans de grandes multinationales en Côte d’Ivoire. « Travailler pour une multinationale est une formidable opportunité d’apprentissage et d’évolution qui vient cependant avec son lot de contraintes en termes de prises d’initiatives et d’expression de soi. J’ai donc à un moment donné choisi de faire ce qui me tient le plus à cœur… »

 Leilah Yatassaye-Tirera est de la génération Y, celle née entre le début des années 80 et le milieu, voire la fin des années 90. Elle fait partie de ces jeunes qui ont grandi dans des environnements très collaboratifs à l’école ou dans leur milieu social. D’ailleurs cette quarantenaire avoue avoir été d’une génération de chanceux ayant eu des parents présents et disponibles. A l’adolescence, ils ont connu des programmes télévisés éducatifs, des interactions permanentes avec autrui, les cousins, les amis, les rencontres de colonies. Et tout ceci leur a donné des repères, des modèles et des aspirations, une époque bien loin de celle des jeunes d’aujourd’hui. Elle constate que de nos jours, les jeunes sont solitaires, la tête dans leurs objets connectés et ont accès à travers les réseaux sociaux à de nouveaux modèles qui ne sont pas toujours des références. De là, elle s’est décidée à œuvrer pour leur fournir des outils qui vont les accompagner à devenir des adultes responsables.

Un engagement auprès des ados.

Motivée à accompagner les jeunes pour mieux appréhender le futur, Leilah crée une plateforme de réflexions et d’actions en faveur des adolescents dénommée Backstage. « Cette initiative vise à encourager ces derniers à adopter des habitudes plus responsables, plus citoyennes et plus ambitieuses. Backstage accompagne les parents dans la parentalité et soutient la transition des jeunes de la phase d’adolescence vers l’âge adulte. Nous avons souhaité initier ‘Futur leader africain’, un nouveau projet qui vise à former une nouvelle élite de jeunes qui bénéficient en plus de la formation académique scolaire, d’un complément d’apprentissage plus général. C’est un peu l’école de la vie pour se distinguer demain en tant qu’adulte », nous affirme cette visionnaire.

Pour bien outiller les jeunes à faire face aux réalités du marché actuel, Leilah compte les accompagner à aiguiser leur esprit de curiosité, de recherches et d’initiatives, en leur offrant un espace d’expression et d’accompagnement afin que leurs temps libres soient plus largement consacrés à des moments d’acquisition de compétences et de développement alliés au loisir qui est tout aussi important pour l’épanouissement.  Selon elle, l’école classique forme nos enfants à être de bons élèves et de bons étudiants mais ne les prépare pas à faire face aux challenges et aux difficultés qui les attendent dans l’environnement professionnel. « Combien de stagiaires arrivent en entreprise en étant incapables d’émettre des idées, de les faire valoir, de s’exprimer correctement, ou encore de rédiger un mail qui se distingue d’un sms. L’un des plus gros freins à l’employabilité reste le manque de ressources opérationnelles. Nos étudiants arrivent qualifiés mais non opérationnels, devenant pour l’employeur un boulet plutôt qu’un support », déplore-t-elle.

En plus de son engagement auprès des adolescents, Leilah est aussi Coach en renforcement des capacités des femmes dirigeantes d’entreprises. A la question, quels sont les principaux blocages auxquels sont confrontées les cheffes d’entreprises ? Elle répond : « Nous venons de très loin avec les femmes entrepreneures car elles ont de plus en plus confiance en elles et en leur potentialité. Mais le principal problème reste le point de blocage de nos entrepreneures et le fait qu’il y ait encore beaucoup de confusion entre idée et projet. L’idée mérite-t-elle d’être transformée en projet ? Parfois la réponse est non. Ce qui est difficile à entendre encore moins à accepter. Pourtant, nous avons encore un trop grand nombre d’entreprises qui disparaissent au bout de 2 ans car ce n’est qu’à ce moment-là que l’initiatrice se rend compte que son activité n’est pas rentable. Cela signifie que les fondamentaux de gestions d’entreprises et de finances ne sont pas acquis. Et enfin comme pour toutes les entreprises TPE et PME, nos femmes entrepreneures se heurtent à l’indisponibilité de ressources humaines compétentes capables de les aider à développer leurs activités. » 

Mère et épouse épanouie

Au-delà de toutes ses activités, Leilah est une épouse et mère d’une petite fille issue de son ultime moment d’espoir pour la création. En effet, elle a dû parcourir une longue période d’infertilité causée par l’endométriose, cette maladie qui se caractérise par le développement de tissu semblable à la muqueuse utérine en dehors de l’utérus, provoquant ainsi des douleurs et très souvent une infertilité. Pour partager son long et rude parcours face à l’endométriose, et encourager les femmes qui en souffrent, elle publie en 2020 son premier ouvrage : « Ultime moment »

« L’infertilité s’est imposée à moi. Je ne l’ai pas vu venir, ni mesurer son impact sur ma vie et celle de mes proches. Être infertile sans savoir pourquoi est un fait, mais l’être en étant malade, est une autre réalité avec laquelle il m’a fallu progresser. L’endométriose cause des douleurs atroces qui sont sources d’inconfort, d’isolement et de découragement. Chaque cycle étant une nouvelle source d’espoir mais en même temps un nouveau risque de désespoir. Désespoir auquel il fallait rajouter les regards, les mots durs, les questions indélicates. À la sortie de cet ouvrage, le commentaire que j’ai le plus reçu était que l’on ignorait que tu souffrais autant. Ma plus grande victoire était de n’avoir pas transmis ma souffrance ou ma désolation à mes proches. Chacun de nous à ses douleurs et ses combats et doit y faire face dignement. C’est ce que j’ai essayé de faire jusqu’à ce que Dieu estime qu’il était temps de me donner un enfant », nous confesse notre étoile montante.

La foi comme rempart

Portée par la foi et la confiance en Dieu, mais aussi fortement épaulée par son époux, Leilah a vécu ce coup dur de la vie avec résilience et dignité, demeurant une épouse épanouie qui espérait simplement devenir mère un jour. Vivre une telle expérience puis entreprendre de la partager pour donner une lueur d’espoir aux femmes qui souffrent d’endométriose est une preuve de générosité, de bonté et surtout de foi.

Foi qui est pour cette quarantenaire la base, le moteur et la source de persévérance. « Ma foi s’exprime de façon particulière car dans toutes les épreuves que j’ai eu à traverser, j’ai toujours laissé le Créateur me prendre par la main et me guider. Alors après 40 ans, je sais un peu comment il agit dans ma vie et me guide vers ce qu’il estime toujours bon. Cela m’aide à accepter (peut-être trop facilement) ce que je n’obtiens pas même quand j’ai tout essayé, et à me dire que cela finira par arriver lorsque ce sera Son bon moment », confie-t-elle.

Leilah est une optimiste née qui relativise en toute situation, sourit à la vie, bénit toujours ce qu’elle a et veille à ne pas se lamenter…

Boy bi- Onass Mendy