« Le Bénin a compris que les compétences n’ont pas de frontières »
BOUBACAR CAMARA se définit en « soldat au service de l’Afrique ». Il occupe depuis octobre 2021 le poste de Directeur général adjoint des douanes du Bénin, dix-sept ans après avoir dirigé celles du Sénégal (2000-2004). Cette nomination est pour lui la preuve que l’Afrique, le Bénin en particulier, « a compris que les compétences n’ont pas de frontières ». Entretien avec un haut fonctionnaire d’Etat polyvalent.
Vous avez été nommé Directeur général adjoint des douanes du Bénin. Dans quelles conditions avez-vous été nommée ?
C’est une sélection qui a été faite par un cabinet qui a ciblé des compétences dans des domaines précis : la douane, l’informatique douanière, la centralisation des recettes. J’ai été sélectionné avec deux Rwandais. Les dirigeants ont préféré choisir des personnes qui ont eu à opérer des réformes complexes.
Comment avez-vous accueilli votre nomination ?
Elle me rassure sur le fait que l’Afrique comprend que les compétences n’ont pas de frontières. Les expériences acquises dans un pays doivent servir dans un autre pays. C’est ce que j’appelle le raccourci : au lieu de perdre du temps et de l’argent à aller trouver des experts qui connaissent mal les réalités africaines ou qui ont du mal à s’adapter, il vaut mieux examiner les meilleures pratiques dans les pays africains et essayer de les reproduire. C’est ce que le Bénin a compris.
Quelle est votre mission ?
L’objectif est de répondre aux attentes de l’Etat béninois. Ses attentes en termes de réformes pour la collecte des recettes douanières, la modernisation des douanes et la mise en œuvre des accords signés par le Bénin. Comme vous le savez en matière douanière, l’essentiel des règles résultent d’accords internationaux dans le cadre de l’Organisation mondiale des douanes. Il faut aussi organiser la surveillance du territoire en fonction de ses particularités. Tous ces objectifs sont traduits dans un plan stratégique.« Nous allons tirer des leçons de notre expérience à la douane sénégalaise pour répondre aux attentes du Bénin. »
Vous avez dirigé les douanes du Sénégal entre 2000 et 2004. Allez-vous vous servir de cette expérience pour votre mission au Bénin ?
A peu près. Le Bénin est assez avancé par rapport au Sénégal dans la période de 2000 à 2004 (durant laquelle il dirigeait les Douanes sénégalaises, Ndlr). La Douane béninoise est dotée d’un système informatique qui est en train de migrer et il y a un grand projet de réalisation d’un nouveau système. Nous allons tirer des leçons de notre expérience à la douane sénégalaise pour répondre aux attentes du Bénin.
Après votre expérience au Bénin, envisagez-vous un retour aux affaires publiques au Sénégal ?
Bien sûr. Mais je ne vais pas revenir dans l’administration comme chef de service ou autre. Je pense que nous avons déjà formé suffisamment de jeunes. Nous avons aujourd’hui au Sénégal beaucoup de compétences qui sont jeunes et capables de faire avancer les choses. Maintenant, j’envisage un retour dans la vie publique pour gérer les politiques publiques, faire des réformes étatiques.