CHEIKH SARR- DG CANAL+SENEGAL: Avec une vision claire et de grandes ambitions, nous pouvons surprendre le monde…

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Pour la première fois, Canal+ Sénégal est dirigé par un Sénégalais. Il s’appelle Cheikh Ahmadou Bamba Sarr et fait bien la fierté du pays parce qu’il est de ceux qui doivent tout à l’école sénégalaise pour y avoir fait tout son cursus. Etoile africaine vous fait le découvrir.

Pouvez-vous revenir sur votre parcours académique et professionnel ?

J’ai fait tout mon parcours académique au Sénégal entre l’école Saint Abraham de Guédiawaye, le CEM Pikine EST et le Lycée Lamine Guèye et en post bac l’institution Sainte Jeanne d’Arc et l’IAM. Même si bien plus tard je suis allé dans des universités internationales comme Wits (Johannesburg) et L’ESSEC pour des formations spécifiques.

Il est vrai que je suis fier d’être une preuve qu’être formé au Sénégal n’est pas un handicap et que ça peut inspirer nos jeunes frères et sœurs. Professionnellement, j’ai eu la chance de faire un certain nombre de pays en Afrique et ça a été une richesse extraordinaire.

De SENTEL GSM (Actuel Free) Sénégal à CANAL+ Niger en passant par le Gabon – La Tanzanie – La RDC – le Cameroun, j’ai énormément appris dans la diversité et les challenges tous aussi différents les uns que les autres et je pense que ça a fait de moi le professionnel et l’homme que je suis devenu aujourd’hui.

Vous êtes le premier Sénégalais à la tête de Canal+ Sénégal, à votre avis qu’est-ce qui a été déterminant pour votre nomination ?

J’espère bien que c’est pour mes compétences, mon expérience. Je suis dans le groupe Canal+ depuis quatre ans. J’occupais la même fonction au Niger où j’ai eu le privilège de lancer la filiale. Ceci, rajouté à mon expérience dans les télécoms en matière de développement de marché je pense être tout à fait légitime pour diriger Canal+ au Sénégal.

Après, le fait d’être sénégalais y est peut-être pour quelque chose mais à compétences & expériences égales, porter le choix sur un local c’est faire preuve de pragmatisme de la part du groupe Canal+. Et on doit s’en réjouir.

Quels sont vos challenges ?

Nous avons beaucoup de challenges, mais je dirais que, mon unique challenge est de porter le développement de Canal+ Sénégal qui est déjà une des plus belles filiales de CANAL+ en Afrique. Notre ambition est d’aller dans cette continuité et ainsi en faire une référence.

Ce développement se fera nécessairement avec un impact plus important sur l’écosystème économique du Sénégal et plus précisément celui de l’audiovisuel.

Pourquoi les Sénégalais devraient choisir l’offre des bouquets CANAL+ alors que les réseaux câblés proposent des offres à vil prix intégrant les chaînes des bouquets CANAL+ et d’autres ?

D’abord, pour contribuer au développement de la production TV de notre pays. CANAL+ paie les droits de diffusion des chaînes qu’elle diffuse, les droits d’auteur aux artistes et investit dans des films, séries et émissions locales. Ensuite, pour protéger les enfants grâce à un code qui permet de bloquer l’accès aux programmes sensibles, les enfants sont protégés des contenus inappropriés. Choisir une offre de canal contribue à l’économie de mon pays car CANAL+ paie les impôts et taxes dus à l’Etat au titre de son activité. En parallèle, elle crée des milliers d’emplois directs ou indirects. Et enfin pour disposer d’offres adaptées à toutes ses envies : Plus de 200 chaînes, radios et services couvrant toutes les thématiques dont 17 chaînes exclusives CANAL+ avec le meilleur du sport mondial, des films en exclusivité et des séries inédites.

Quelles sont les conséquences du piratage et la nécessité de lutter contre ce fléau ?

En volant les chaînes et les programmes des autres, les pirates ne sont pas obligés de payer ceux qui les fabriquent ou les vendent, ni de payer les droits d’auteurs aux artistes. Les pirates gagnent beaucoup d’argent mais cet argent n’est pas reversé dans le secteur audiovisuel. Prenons l’exemple d’une série novela piratée : puisque les gens vont s’abonner chez le pirate, le diffuseur légitime a moins d’abonnements donc moins de revenus. Dans ce cas, il ne peut pas payer l’éditeur de la chaîne diffusée dans ses offres et le diffuseur ne peut payer le producteur de la série. Le producteur de la série ne peut payer les acteurs (trices) et tous les techniciens. Ce qui nous plonge dans un cercle vicieux.

Le piratage engendre des pertes de recettes fiscales, une perte pour le secteur et une perte pour l’Etat qui se chiffre en milliards de FCFA. Sans compter les milliers d’emplois perdus pour les vendeurs, et professionnels de l’audiovisuel et du cinéma etc…Par ailleurs, Les images volées ne sont plus contrôlées. L’absence de cryptage/code parental peut exposer les plus jeunes à des images choquantes.

 Revenons à votre carrière, lors de votre passage à AIRTEL RDC, vous aviez démissionné alors que vous n’aviez pas un autre poste en vue, pourquoi et quelles sont vos convictions ?

Vous savez, quand vous passez 15 ans dans un secteur et que vous parcourez un certain nombre de pays avec tous les défis liés aux pays mais aussi aux structures du marché, on peut être plutôt confiant que ses compétences peuvent intéresser.

En réalité, j’ai quitté Airtel RDC d’abord parce qu’en termes de vision je n’étais plus très aligné avec la leur, je ne me retrouvais plus dans les décisions qui étaient prises. Je prévoyais de me lancer dans l’entrepreneuriat mais Orange m’a proposé un challenge très exaltant au Cameroun que j’avais finalement accepté.

D’où tirez-vous votre force, cette confiance  et surtout votre capacité à rebondir ?

J’appellerai ça de la Foi plutôt que de la confiance en soi. J’ai cette conviction que mon destin est entre les mains de Dieu et pas forcément entre celles d’une entreprise ou d’une personne. J’ai également la conviction d’avoir démontré mes compétences et mon professionnalisme partout où je suis passé. Par conséquent, je fais ce que j’ai à faire et je laisse le reste entre les mains de Dieu. C’est ça mon état d’esprit !

Selon vous, que faut-il pour être expert dans son domaine ?

Question très difficile, mais je me réfère à un auteur américain très célèbre qui s’appelle Malcolm Gladwell qui, dans son livre intitulé « Outliers » développe la théorie des « 10.000 heures de pratique ». Selon lui, « 10.000 heures de pratique » sont nécessaires pour maitriser son sujet. Je pense que c’est une bonne référence car on ne peut être expert dans son domaine qu’à l’aide de la pratique.