ABDOULAYE DIALLO est pour l’Île de Ngor ce que feu Joseph Ndiaye fut pour l’Île de Gorée. Un tremplin. Le témoin. Il raconte l’histoire de la petite bande de terre de 4,5 km2 situé à 400 mètres de Dakar.
L’Île de Ngor a été découverte à la préhistoire. Il y a 800 mille ans pour certains, plus loin pour d’autres. Certains scientifiques prennent comme référence la dernière irruption volcanique des Mamelles. Celle-ci avait déversé le basalte qui s’étale sur les 4,5 km2 de superficie des lieux situés à 400 mètres de Dakar. Ngor est une merveille sur l’océan atlantique. L’Île constitue un discret promontoire qui prolonge la tête de la presqu’île du Cap-Vert dans l’océan Atlantique. Elle est la partie la plus occidentale de l’Afrique qui illumine Dakar de son charme discret et, avec ses nombreux secrets, nourrit le tourisme balnéaire. L’Île constitue un vrai temple où les rites restent jusque-là méconnus du grand public. Au milieu de ce coin énigmatique, veille Abdoulaye Diallo. Cet ingénieur en télécommunication de formation s’est reconverti artiste peintre. Il est pour l’Île de Ngor ce que feu Joseph Ndiaye fut pour l’Île de Gorée. Un tremplin, un livre humain. Un berger.
Un bouillonnement social et culturel
Abdoulaye Diallo est le témoin oculaire du bouillonnement social et culturel de Ngor. Il raconte que des célébrités et des citoyens anonymes attirés par ses charmes, y possèdent des villas de vacances. Il cite la chanteuse française France Gall, l’artiste sénégalo-américain Akon, le musicien Wassis Diop…, qui y séjournent régulièrement. L’île abrite le festival de Ngor chaque mois de décembre. Elle accueille depuis des dizaines d’années les amoureux de reggae à chaque 11 mai, marquant le décès de Bob Marley. Les peintres, sculpteurs, musiciens s’y sentent bien. Lors de vos balades, vous aurez l’occasion de découvrir des galeries d’art aux quatre coins de l’île. Ngor était autrefois inhabité. Les habitants du village qui lui a donné son nom traversaient la baie pour nourrir leurs moutons et cultiver le mil. C’est à partir des années 1950 que les Dakarois commencèrent à pique-niquer sur l’île avant d’y construire de petits cabanons puis des maisons plus modernes. Malgré l’activité humaine débordante, croissante au fil des dernières décennies, Ngor reste impassible. Gardant jalousement ses secrets ainsi que ses sculptures naturelles majestueuses : la « tortue de Ngor », la « tête du lion » … L’Île est restée presque intacte avec ses trois plages, trente-six passages et allées, quatre places et sept collines.