Ky Siriki : Sculpteur  «Je n’ai du temps que pour la sculpture…»

dorine
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À ce jour, il totalise 43 années dans le deuxième art,  Ky Aboubakar Siriki fait partie de ceux qui confèrent à la sculpture africaine ses lettres de noblesse. Plus qu’un artiste, c’est un militant de son art, présent sur la scène internationale où il participe à de nombreux symposiums de sculpture, il a même initié, en 1988, le Symposium International de Sculpture sur Granit de Laongo au Burkina. Il a été fait chevalier puis officier de l’ordre du mérite burkinabè en 2010. Également chevalier de l’ordre du lion au Sénégal par le président Macky Sall à l’occasion de l’inauguration du musée des civilisations noires à laquelle il a pris part en 2018. Singulier dans sa démarche artistique, voici  quelques points pour davantage connaître ce monument de la sculpture africaine.

Pourquoi la sculpture  ?

À l’école, je dessinais beaucoup et les gens appréciaient. Je pense, même si je n’aime pas le dire que j’étais prédestiné à la sculpture. Tout naturellement je suis allé aux beaux-arts d’Abidjan, à Pietrasanta en Italie pour me spécialiser dans la sculpture sur pierre. Ça fait maintenant 43 ans que je sculpte.

Burkinabé ou ivoirien ?

Mes parents sont partis de la Haute Volta vers les années 45 pour travailler en Côte d’Ivoire.  Ils ont atterri à Treichville où je suis né. Donc j’ai étudié en Côte d’Ivoire j’y ai fait l’école des beaux-arts. Je ne connaissais même pas l’histoire. C’est  jour, mes parents m’ont dit qu’il venaient de la Haute Volta que je suis burkinabè, c’est pourquoi je revendique mon côté burkinabè. Je m’en inspire.

Matériau de prédilection 

C’est le  bronze car il est plus malléable, je vais dans tous les sens avec. Même s’il y a certains qui pensent que c’est un support pas suffisamment contemporain,  il me donne plus de possibilités de délires.

Siriki et le Fespaco

Les organisateurs du Fespaco me font confiance. J’ai réalisé une bonne partie des statues qui gisent sur l’allée des Etalons. Lors de la dernière édition du Fespaco, j’ai revisité le trophée de l’Étalon d’or du Yennenga. En plus, j’ai réalisé le buste de Sembene, les statues de Oumarou Ganda, Cheikh Oumar Sissoko… qui ont été dévoilées lors de la 28e édition du Fespaco.

Engagement ?

À travers mes œuvres je transmets des messages mais c’est juste un prétexte pour travailler un support. Donc, l’engagement peut ne pas transparaître à première vue. Je tiens beaucoup à ma liberté d’artiste qui me permet de donner mon point de vue en toute sincérité.

Transmission

Je me  définis comme un  couloir de la transmission étant un militant de la sculpture. Mon  atelier est ouvert à tous. Lors des master class je dis aux jeunes qu’ils peuvent apprendre de moi  la technique, seulement il ne faut pas me copier.

En tant qu’artiste, on a un devoir de léguer ce qu’on a appris de nos anciens et de l’école. Ce qui fait de l’artiste un icône c’est le partage et après tout, on ne va rien emporter avec nous dans l’au-delà ( rire)

Rêve africain 

Mon rêve est que tous les peuples africains s’unissent un jour, cela peut paraître utopique mais ma conviction est que si nous n’y parviendrons pas, nos petits enfants eux y parviendront.

 Oussama Monique Sagna