Hamed Diane SEMEGA, Haut-Commissaire de L’OMVS

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Hamed Diane SEMEGA, Haut-Commissaire de L’OMVS

« Nous avons relevé le double défi de l’union et de l’intégration »
Son rêve d’enfant était d’être pilote de chasse ou avocat. Il n’est pas avocat mais en tant
que juriste de formation, il évolue dans un domaine qui le passionne. D’un père malien,
d’une mère sénégalaise avec des attaches en Guinée et Mauritanie, Hamed Diane
SEMEGA est un véritable fils du fleuve. Ancien Ministre des Mines, de l’Energie et de
l’Eau (2003-2007), ancien Ministre des Transports et des infrastructures du Mali (2007-
2012), il est à la tête de l’Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal
(OMVS) depuis juin 2017.


Dans cet entretien accordé à « étoile africaine », le Haut-Commissaire de l’OMVS
revient, entre autres sujets, sur les missions et les enjeux de cette organisation qui vient
de remporter le Grand Prix Mondial Hassan II de l’eau, grâce à son engagement en
faveur de la gestion d’un cours d’eau partagé pour le développement de ses Etats-
membres et le bien-être des populations riveraines du bassin du fleuve Sénégal.

Monsieur le Haut-commissaire de l’OMVS, pouvez-vous nous parler de votre parcours ?


Je suis un produit de l’école malienne. Juriste de formation, je suis diplômé, en droit privé, de
l’Ecole Nationale d’Administration (E.N.A) du Mali. Après l’E.N.A., je me suis orienté vers
le secteur privé minier, tenant en compte le fort potentiel du Mali en matière de ressources
minières. Le Chef de l’État d’alors m’a ensuite confié le ministère des mines du Mali, du fait de mon
expérience dans ce domaine et j’ai très vite compris qu’une ressource naturelle bien exploitée
peut-être un formidable levier de développement.

J’ai ensuite été à la tête du ministère des transports et des infrastructures avant d’être nommé
Haut-commissaire de l’OMVS C’est une fierté pour moi de diriger l’OMVS, une organisation
unique en son genre, en Afrique et à travers le monde. Cela est d’autant plus vrai que nous
avons relevé le double défi de l’union et de l’intégration au niveau du bassin du fleuve
Sénégal grâce à la vision des pères fondateurs de cette institution et à la persévérance de nos
Etats.
Quelles sont les missions de cette organisation que vous dirigez depuis
quelques années ?
L’OMVS a pour vocation première le développement et la mise en valeur des ressources du
fleuve Sénégal. Sous cet angle, elle se concentre sur ces trois missions principales :

  • créer les conditions d’un développement économique à travers tout le bassin en
    améliorant de façon significative l’agriculture irriguée ;
  • développer l’hydroélectricité, c’est-à-dire utiliser le fleuve pour produire de
    l’électricité propre et bon marché ; ce qui permet d’améliorer l’offre énergétique dans
    l’espace OMVS. Chacun peut mesurer aujourd’hui l’importance de l’électricité pour le
    développement de nos Etats car, sans cette énergie, il n’y a point de développement
    économique ;
  • garantir la navigabilité pérenne sur le fleuve Sénégal car la vocation naturelle du
    fleuve est de faciliter la mobilité et l’échange. Dans ce cadre, l’objectif de l’OMVS est
    de faire en sorte que le fleuve Sénégal puisse servir de vecteur de développement par
    le transport fluvial. Ce type de transport est beaucoup plus économique, comparé aux
    autres modes de transport.

Que fait l’organisation pour assurer la sécurité alimentaire en ces temps de crise ?
L’OMVS a été créée, rappelons-le, en mars 1972 pour assurer la sécurité alimentaire, après la
rude sécheresse qui avait décimé le bétail et engendré une vague migratoire. La stratégie de
lutte consistait d’abord à rendre disponibles les ressources en eau sur une longue période de
l’année. C’est la raison pour laquelle l’OMVS s’est très tôt lancée dans l’adoption et le
développement d’un lourd programme d’investissement, afin de doter la région d’une
infrastructure de base comme le barrage anti-sel de Diama, dont la fonction essentielle est
d’empêcher l’intrusion de la langue salée dans le fleuve et rendre ainsi des terres naguère
salines du Delta propices à l’agriculture. Il est devenu un barrage réservoir (250 à 535
millions de m3) par la construction de digues. Il fonctionne en complémentarité avec le
barrage de Manantali et permet aujourd’hui le contrôle partiel du niveau d’eau dans le delta et
la réduction des hauteurs de pompage pour l’irrigation. Cette disponibilité de l’eau a des
incidences socio-économiques importantes pour les populations riveraines qui peuvent
s’adonner à une agriculture diversifiée durant toute l’année.


Quels sont les défis auxquels l’OMVS fait face actuellement ?

Parmi les défis, nous pouvons citer ceux liés aux changements climatiques et ses impacts sur
l’environnement dont la raréfaction des ressources en eau. D’ailleurs, on note au niveau du
massif du Fouta-Djalon où se trouve la source de notre fleuve, la dégradation des sols, la
destruction du couvert végétal et la raréfaction des eaux de pluie.
Ces défis-là sont majeurs et nous interpellent en tant qu’organisation gestionnaire du Fleuve
Sénégal. Les populations riveraines et nos partenaires sont également interpellés. Il faut une
prise de conscience majeure sur ces enjeux qui, à termes, posent la question même de la
survie du Fleuve.

 

 

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