KORKA DIAW est agricultrice. Elle dirige le Réseau des femmes agricultrices du nord du Sénégal, une association de 16 000 membres. Elle donne des conférences à l’université Gaston Berger de Saint-Louis alors qu’elle a arrêté l’école en CM2. Pour étoile africaine, elle livre dix clés du succès dans toute entreprise.
1. Savoir saisir les opportunités
« J’étais dans le commerce de fruits et de beignets. Ensuite, j’ai regardé autour de moi, j’ai vu que nous avons la terre, l’eau et beaucoup de soleil et je me suis dit que je dois me lancer dans l’agriculture. Nous avions pu louer une parcelle d’un hectare et demi. Nous avons donc commencé à cultiver du riz et notre première moisson a été fructueuse. Nous avions gardé une partie de la récolte pour notre consommation et vendu le reste. Plus tard, le président de la communauté rurale (aujourd’hui commune rurale, ndlr) à l’époque nous avait offert des terres pour le maraîchage et 150 hectares pour la culture du riz. L’agriculture est un bon filon. On peut y gagner plus que ceux qui sont salariés dans les entreprises. »
2. Même avec 10 000 francs CFA, on peut entreprendre
« J’ai démarré avec un capital de 10 000 francs CFA. J’ai réalisé tout ce que j’ai réalisé grâce à ma foi et ma détermination. J’ai toujours cru en moi et à mes projets.»
3. Travailler dur
« Seul le travail paie. Mon secret est le travail sans relâche. Je ne me suis jamais laissée décourager et je suis toujours concentrée sur mes objectifs avec la ferme volonté de les concrétiser. »
4. « Ne dépendre de personne »
« J’ai toujours cherché à avoir une autonomie financière pour pouvoir penser et agir en toute liberté. C’est le discours que je tiens aux femmes. Je leur dis de se débrouiller pour ne dépendre de personnes et de créer leurs propres affaires. »
5. Avoir une vision
« Une petite activité de commerce ou autre peut devenir une grande entreprise. Il faut surtout une bonne vision, une bonne organisation et une bonne gestion, beaucoup de volonté et de détermination. C’est ce que j’ai fait en créant ma propre entreprise, Korka Rice. »
6. S’organiser en réseau
« Je suis la présidente du Réseau des femmes agricultrices du nord du Sénégal (REFAN). Aujourd’hui notre association compte seize mille membres dont trois cent cinquante leaders qui ont pu mettre à la disposition du groupement, d’importants moyens financiers et matériels. Des sessions de renforcement de capacités sont régulièrement organisées afin de permettre aux présidentes de groupement de former à leur tour leurs différents membres. »
7. Se connecter aux nouvelles technologies
« Nous avons 400 jeunes qui ont été formés dans les nouvelles technologies. Nous avons aussi acquis des drones et certains parmi nos jeunes sont habilités à les piloter. Nos jeunes collaborateurs surveillent même leurs parcelles à partir de leurs téléphones portables. Aujourd’hui, les outils technologiques nous facilitent vraiment la vie. Nous n’avions auparavant que nos cinq sens, notre cerveau et beaucoup de volonté (rires). »
8. Apprendre de ses voyages
« J’ai beaucoup appris de mes voyages. Mon premier réflexe quand j’arrive dans un pays, c’est de faire une immersion dans les champs pour voir comment les agriculteurs travaillent afin de m’inspirer de leurs expériences, et je partage aussi les miennes. Ces échanges sont bénéfiques et nous permettent d’améliorer nos pratiques. »
9. L’expérience aussi utile que les diplômes
« Je suis souvent invitée à l’université de Saint-Louis pour partager mon expérience avec les étudiants. Je leur dis à chaque fois que j’ai arrêté mes études en classe de CM2 et pourtant aujourd’hui je fais des conférences dans des universités et je m’adresse à des étudiants en années de Licences et Masters. Tout est question d’expériences et de volonté. »
10. Ne pas se fixer de limites
« J’exhorte les jeunes à suivre des filières en fonction de leurs envies et de leurs passions. Je leur conseille de suivre leurs propres voies et de ne pas imiter les autres. Ne choisissez pas un métier parce qu’un tel l’a fait et qu’il s’en sort bien. Les entrepreneurs d’aujourd’hui ont plus de chance que nous. Ils sont mieux encadrés et disposent de plus d’outils, de moyens et d’opportunités. »